jeudi 29 décembre 2011

mardi 13 décembre 2011

Klaus, ou le massacre d'un territoire.

Je pense que, visiteuses et visiteurs du présent blog, vous avez réalisé qu'ici sont rapatriés les notes de deux autres blogs (autres plateformes dont une fonctionne en forum permanent) lorsque leur particularité est soit d'être essentiellement des publications de photographies, soit un thème abondamment illustré de photographies.



C'est ainsi que m'est venue l'idée de, progressivement, récupérer des notes se rattachant elles-même à un thème. Ce sera le cas pour la tempête Klaus (24 janvier 2009), sachant que les notes s'étalent sur près de trois ans...


Ce sera le cas pour des thèmes comme "notre territoire des Landes de Gascogne" avec les EAUX LANDAISES (exemple : http://levenere.blogspot.com/2011_12_04_archive.html), le BÂTI LANDAIS, le BASSIN d'ARCACHON, etc.

Nos montagnes aussi (pour le moment notes éparses), les édifices romans, etc, etc...


De toute façon, je conseille à toute personne ayant la curiosité de venir sur ce blog qui fonctionne sans publicité, pour mon plaisir, détaché de mes thèmes habituels de blog que sont la politique, l'agroécologie, etc...


Donc, voici une tentative lourde de regroupement : la tempête Klaus (l'immédiat après tempête, le paysage ravagé, le changement de paysage, les arbres, et puis un an après, deux ans après... etc.)


30.01.2009

Caquou, me revoilou ! La tempête (2)

Les z'ami(e)s. J'ai souvent imaginé, depuis ce samedi 4H du matin, ce que j'avais envie de vous raconter. Faits et sensations. Mais, privé d'électricité, je ne pouvais taquiner le clavier. Et... je ne sais plus écrire ! Ou du moins, n'en ai plus la patience. Dès samedi après 15 H, tempête mollissant, vent tombant nettement, je suis parti en reportage... pour vous. Et pour moi. Et là, j'ai pas mal de photos.

Mais avec un "trou" énorme car, lundi, batterie de Lumix à plat, j'ai dû laisser mon "bridge" au repos.

Donc, comme demandé par Marius, je vous "raconterai" ce truc vécu de l'intérieur et ce que j'ai vu immédiatement après et les deux jours qui ont suivi... sans aller bien loin.

La télé et les journaux vous ont montré des images d'apocalypse ; les vues aériennes en particulier.

Je vous montrerai l'ordinaire de la chose, sachant que je ne suis pas propriétaire forestier et n'ai pas mon patrimoine à terre, et en danger (les chablis doivent être ramassés, mis au gabarit, entreposés et... mis à l'abri d'insectes et champignons parasites par arrosage ou trempage... quasi permanents ; encore faut-il pénétrer, déblayer... sous la menace de nouvelles chutes), sans garantie aucune de vente. Sachant que ma maison est intacte et que je ne connais pas les affres de la recherche d'artisans sérieux et de stocks de tuiles, avec la trouille du vent déplaçant les bâches alors qu'il ne cesse de pleuvoir. Sachant que je suis au sec (les photos vous montreront que l'eau peut stagner au-dessus de nos sables landais, ce qu'était une grande partie de la Grande Lande avant la plantation massive des pins maritimes, du Médoc aux abords de Mont-de-Marsan. Bref, si ce n'étaient mes deux lawsonii couchés sur les clôtures mitoyennes et un garage appartenant à un voisin (photo déjà exhibée ici il y a quelques heures, prise durant la tempête, durant une courte rémission vers 11H samedi) : une situation relativement confortable. Et quelques scrupules de "voyeur" à utiliser ces photos.


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31.01.2009

Caquou, me revoilou !!! Tempête (3) - Album photos.

Le texte qui suit a été écrit hier soir. Mais, vaincu par la fatigue, j’ai lâché prise à une heure du matin après avoir trié les photos à mettre en ligne… Ce matin, samedi… déjà une semaine.
Le concert des tronçonneuses a repris de plus belle.
Notre copine est sous la douche : on lui a promis l’électricité pour ce soir. Elle a la trouille car, en 1999, lorsque le courant a été rétabli, elle a en un instant le récepteur de télévision, des lampes, des fusibles, d’autres appareils… qui ont fondu !… Suffit qu’un neutre ne soit pas raccordé pour charger une phase et passer à 280 – 380 volts.

Notre quotidien Sud-Ouest fait un bilan ce matin après une semaine. Notre canton, mitoyen des Landes, est semble-t-il le plus difficile à réalimenter.


Dans quelques heures, il y aura une semaine que le cauchemar a commencé. Nommé Klaus par les météorologues.

Oui, comme je l’ai dit récemment au téléphone à Marius, à 4 heures du matin, samedi dernier, un ou plusieurs jets font leur point fixe dans le jardin, chez les voisins, dans la rue... Les réacteurs sont certainement équipés de sortes de sourdines : ils ne « hurlent » pas. En revanche tout vibre, comme en bout de piste. Je me réveille en sursaut : la vigilance rouge nous ayant préparé à cette fin de nuit. Un feulement, puis deux, et, là, ça part à l’aigu. Je me suis levé, il y a encore « de la lumière » : l’air sauvagement poussé contre la façade de la maison orientée sud-ouest passe par les interstices de la porte d’entrée. Qui vibre. Et gémit, siffle, chante… Tout comme la fenêtre de la cuisine (même orientation) dont le haut ne joint pas hermétiquement.
A 4 H 15, l’électricité est une première fois coupée. Bref retour au bout de cinq minutes, puis… adieu le courant électrique. Pour nous, ce sera pour quatre jours. Pour des potes à 3-400 mètres de nous : l’alimentation électrique n’a été rétablie que hier soir. L’éclairage public de mon quartier n’est pas rétabli. D’ailleurs l’absence de pollution lumineuse nous a offert, dès samedi soir, des voûtes célestes en tout point magnifiques, en tout cas… oubliées.

Demain matin, une amie viendra chez nous prendre sa douche car sa maison et celle de ses voisins, c’est un ancien airial, en forêt, n’est pas réalimentée et personne ne sait à la mairie quand elle le sera… Et, comme elle n’a pas l’eau courante « de la ville », mais un puits avec une pompe électrique… elle vient chaque jour chez nous faire sa provision d’eau potable.
Oui, car au contraire de 1999, nous n’avons été privés d’eau que moins de 48 heures, la mairie ayant installé un groupe au château d’eau. Rien n’est d’ailleurs stabilisé ; ainsi, ce soir, j’ai dû remettre trois fois mon radio-réveil à l’heure du fait des coupures d’électricité (durée : le temps de trouver les bougies et de les allumer).

En 1999 le gaz n’arrivait pas encore dans notre commune (les travaux ont commencé fin 2000) de sorte que, utilisant l’eau de la piscine en plastique que je n’avais (heureusement) pas vidée, nous faisions chauffer de l’eau à l’aide d’un camping-gaz. Mais nous étions dix dans la maison (trois générations), réunis pour les fêtes. Nous avons cette fois-ci le gaz, donc la possibilité de chauffer assez d’eau pour la vaisselle et pour la toilette puisque l’eau nous est revenue le lundi matin. Souvenirs d’enfance : les cuvettes avec de l’eau chaude sur la pierre d’évier, l’utilisation parcimonieuse de l’eau pour la toilette.

Quant au chauffage, hélas, l’allumage de la chaudière à gaz est électrique (comme la pompe et l’allumeur pour le fuel en 1999) : nous n’aurons que la cheminée de la salle de séjour pour gagner quelques heures de douce chaleur chaque soir…

Samedi, vers huit heures, notre gendre nous appelle de la région toulousaine pour nous supplier de ne pas prendre la route (ce qui aurait été impossible… non seulement en raison du danger de se faire retourner comme une crêpe comme de celui de se faire tuer par les chutes d’arbres, mais parce que la route est déjà totalement obstruée (nous avons à passer près de 12 km de forêt pour aller vers l’autoroute « des deux mers ») et que l’anniversaire de la seconde de nos petites filles (17 ans) sera reporté à deux semaines. Nous avons donc le téléphone. Mais là encore parce que, si nos deux bases sans fil sont inutilisables, nous avons un combiné à l’ancienne (analogique), autonome.

Cela dit, nous perdrons la ligne pour deux ou trois jours. Les réseaux orange et SFR sont inactifs (relais non alimentés).
Notre impression à 9-10 H du matin est que cette tempête est plus violente encore que celle de 1999. D’ailleurs, à 10H et quelques, nous tentons une sortie à l’occasion d’une relative rémission et d’un changement de direction du vent. Ce dernier est passé de l’ouest sud-ouest à l’ouest nord-ouest. A première vue notre toiture est intacte, bien sûr pas mal de choses ont été chahutées sur la terrasse et autour de la maison. Et là, nous découvrons la chute malencontreuse de nos deux cyprès de Lawson, deux beaux spécimen accolés de 15-20 mètres de haut (qui avaient résisté en 1999), tombés sur deux clôtures mitoyennes… avec deux propriétés voisines (photos dans le revoilou n°1).

Nous serons donc coupés de l’extérieur… pour combien de temps ?


Le vent a cessé de souffler violemment entre 15 et 16 heures. Impression première : ça a été plus violent qu’en 1999. Première sortie pour aller constater les dégâts survenus à la toiture de la maison d’un pote, voisin, parti la veille dans les Pyrénées… pour une semaine de détente (rentré fissa dimanche pour réparer… et reparti depuis).

Et puis, je suis parti voir l’entrée nord-ouest de notre patelin, le nouveau rond point près d’un groupe scolaire ouvert il y a un an, où débouche la route dite « des lacs » (car elle dessert loin au nord-ouest Lacanau puis Hourtin avant de remonter via Montalivet et Grayan sur la pointe du Médoc). Et là…

Là, un premier aperçu de la catastrophe pour la sylviculture mais aussi des retombées (si j’ose !) sur la circulation routière mais aussi les propriétés mitoyennes de nos si belles forêts… Dont il faut espérer qu’enfin, au moins sur la ceinture des ilôts, le long des routes et chemins, le long des coupe-feu, le long des lagunes et étangs, en bordure des champs cultivés… on se décidera à planter des feuillus. Des feuillus accueillants à la biodiversité. Lesquels feuillus, à feuillage caduc, résistent aux tempêtes hivernales (en revanche pas mieux en été).

Durant trois jours nous allons entendre le ronronnement de trois groupes électrogènes dans le quartier et, dans la journée, les ronflements rageurs des tronçonneuses.

Vendredi soir, alors que l’alerte était donnée et que nous venions de subir plusieurs journées de pluies et de vent océanique, l’air était étrangement calme, immobile. La pluie avait cessé. L’expression « le calme avant la tempête » a, je pense, une explication et traduit une réalité… C’était le cas il y a (déjà) une semaine.

Chez moi, fond du jardin :
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Chez mon voisin, côté nord :
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L'espace vert au bout de ma rue en fin de tempête :P1060277.JPG
P1060280.JPG et là c'était le petit bois voisin.

Deux heures après la fin de la tempête, l'entrée nord-ouest de mon patelin :
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et la rue qui mène à un groupe scolaire et un centre d'autistes adultes :
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Et le soir, premier soir, la salle de séjour :
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La cuisine :
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Notre seule source de chaleur :
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, soit avec ou sans flash :
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Toutes ces photos ont été prises samedi 24 janvier en queue de tempête et après la tempête.

A suivre... (les jours suivants, routes et forêt).

(*) Confidence : 5 jours sans lire les leçons à moi données sur mon blog, ça fait du bien !

04.02.2009

Caquou, me... La tempête (4)

Le concert des tronçonneuses reprend chaque jour. Hier un subvoisin, côté sud ouest :
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(photo prise en fin de tempête)

Aujourd'hui mon voisin nord-est immédiat :
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(photo prise en fin de tempête)

Bientôt ce sera chez moi (devis acceptés) :
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Les deux photos suivantes sont prises de chez ma voisine sud-ouest, en arrière plan de la seconde : ma maison... intacte :
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Il y a nettement plus... grave chez d'autres :
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Gêné (voyeurisme), je n'ai pas photographié les toits troués ou démolis... Sinon l'église du patelin (photos à venir)...

A suivre : la forêt, les routes, etc...


05.02.2009

... revoilou - La tempête (5) + chantier cet aprème

Ce matin : aucune tronçonneuse dans le voisinage. C'est nouveau ! Ouf ! Notre quotidien Sud-Ouest nous apprend que les derniers foyers encore privés d'électricité en Gironde seront raccordés avant la fin de la journée, notamment sur la presqu'île (Lège - Cap Ferret). Vous ne verrez pas les photos du toit de notre église : la nacelle et le chantier se sont repliés hier, réparations effectuées.

De même, je me suis refusé à jouer les "voyeurs" devant trop de difficultés matérielles pour certain(e)s comme je me suis refusé d'aller prendre des photos des équipes de pompiers et d'électriciens (but, semble-t-il, de promenades... recélant quelques dangers d'ailleurs) ; les journaus et la télévision les ont suffisamment montrés, à l'oeuvre et sans relâche.

Aujourd'hui, ce n'est pas dans mon carrousel de photos (133) que je vais puiser, mais je vais vous transmettre un show power-point qu'un pote d'asso a reçu et nous a retransmis. Les photos proviennent de Biscarosse (Landes), canton mitoyen du nôtre. Au cas où vous n'auriez pas "Office", ou Power-Point, ou simplement la visionneuse power-point (MS ppt viewer), en principe Internet Explorer ou Firefox (je suppose Linux) déverrouillent et ouvrent les écrans des présentation ppt...


Impossible charger pour l'instant because 5,08 Mo. Je réduirai et mettrai en ligne plus tard car, pour l'instant, je dois m'absenter. Excuses.


Ce soir, enfin le calme !... Sous le patronage de Miss Séléné...
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... je vous restitue ce qui s'est passé.

D'abord concert de tronçonneuses : une chez mon voisin, deux chez moi car... ça y est, le chantier a été ouvert :
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Au bruit rageur de ces engins s'est ajouté celui, plus fort mais régulier quant au moteur, et haché quant au broyage, du broyeur de branchages :
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P1060447.JPGet ça, ça va faire un de ces compost... je ne vous dis pas.

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Voilà, Lo-Tseu : faute d'aller dans mes WC, après le boulot à la mairie, il y a eu ce chantier, puis du nettoyage... A quand la prochaine tempête ?


21.02.2009

Tempête sur la lande gasconne (suite)

Bien évidemment, on est loin des ouragans et cyclones que subissent tant de régions du monde, et par exemple nos compatriotes "ultra-marins"... Néanmoins, neuf ans et un mois après la tempête "des fêtes de fin d'année" 1999, ça a soufflé, ça a cogné, cogné dur, et sur les landes de Gironde et des Landes (et même du Lot et Garonne) Klaus a massacré la forêt.

Je ne reviens pas sur les longues coupures d'électricité, de téléphone, etc. Non, c'est sur cette forêt que je m'attarde. Je ne suis pas Gascon, je ne suis dans cette région que depuis près de 33 ans. Mais je la sais marquée par cette structuration du paysage, par cette immense forêt dont la plus grande partie a en gros 150 ans (pas les arbres, mais la forêt...), par le fait que les habitants nés ici sont pour la plupart enfants de gemmeurs, de bucherons, de scieurs, de camionneurs forestiers, d'artisans au service des forestiers, d'ouvriers des papeteries... Bref : l'atteinte à ces paysages est une blessure pour ces populations. Quant aux sylviculteurs, remis -mais profondément meurtris- des grands incendies de 1949 (ma commune est au centre de ces tourbillons de langues de feu... qui firent 82 morts, morts au feu... d'honneur), eux, leurs enfants (et même petits enfants) ont subi 1999... ont tout de même replanté, n'ont pas touché tout ce qui leur avait été promis...

Replanté.

Les photos qui suivent sont des photos de ces plantations, des "jeunes" de 4-5 à 8 ans. Bien sûr, toute la forêt de renouvellement n'est pas abimée dans les mêmes proportions que la forêt de grands pin déracinés et couchés, cassés, étêtés, foudroyés (voir mes photos des séries "caquou me revoilou - tempête", et encore celles du post qui suivra). Il n'empêche, ces photos vous montrent à quel point Klaus a pu, peut en ce moment, engendrer de l'angoisse et du désespoir.

Pour beaucoup, ce qui a été replanté est en danger. Même rechaussés - et comment ?- ces arbustes vont être la proie du parasitisme. Un été de canicule et de sècheresse type 2003 les condamne...

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24.02.2009

La forêt toujours à vif ! Quelques images encore...

J’étais absent une partie de la journée… pour la cause de Handicap International, ce qui n’étonnera pas mes habitués. Dans une "cité", avec des enfants. J’ai néanmoins eu le temps de noter en une de mon quotidien Sud-Ouest ce titre « La forêt toujours à vif ! »

Et vulnérable aux parasites et… au feu. D’autant qu’elle est souvent impénétrable…


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16.03.2009

Dimanche, crépuscule sur... une "forêt" !

Hier soir, entrée nord-ouest de mon patelin. C'est -c'était- la forêt !
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18.03.2009

Soleil couchant sur nos plaies...

Le printemps s'annonce, nous avons d'extraordinaires lumières. Et notamment sur notre forêt... Souvenez-vous mes séries de photos mises en ligne il y a un an. Et là, la lumière est magnifique, mais elle balaie un champ de ruines, une fantasmagorie de troncs éclatés, de branchages épars, une forêt dévastée... et pour longtemps ! C'est à trois kilomètres de ma maison...


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20.03.2009

Et toujours les meurtrissures de la tempête...

Brad, si tu me lis... ces images de bergerie, un parc à trois eaux, prolongent un vieil échange.
Sur ma route hier après-midi (Liposthey, Pissos, Commensacq, Sabres), je suis repassé devant la bergerie -en bois- photographiée il y a un an (entre Pissos et Commensacq) et ai remarqué celle qui suit, en garluche et mortier de chaux, avec façade en bois.
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Bien sûr, le petit air penché des pins rappelle que nous avons subi la tempête. M'enfin... cela ne semble pas bien méchant. Voire... Nous ferons le tour de la grange pour nous en faire une idée. Mais, d'abord, de l'autre côté de la route, le reste de l'airial nous montre une maison somme toute prévisible en ces lieux :
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Mais revenons à notre bergerie, ou notre grange, et voyons ses arrières :
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Eh oui ! nous sommes toujours dans ces paysages dévastés.

D'ailleurs à une centaine de mètres nous retrouvons ces images :
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21.03.2009

Désolé ! Encore la tempête ou "il y avait une fois... une forêt".

Comment voulez-vous, en dehors même des conséquences économiques et écologiques (cf la décalaration des élus de 118 communes il y a trois ou quatre jours ici même), que les habitants de ce territoire ne soient pas traumatisés, désemparés, angoissés... Cette forêt, lô pinhadar, qui depuis près de 150 ans structure leurs paysages et a employé bon nombre de leurs ascendants, est sinistrée, parfois saignée à mort.

Je m'adressais avant-hier soir à Brad (Bradescav pour les petits nouveaux). S'il me lit, qu'il sache que je vais lui montrer ce qu'est devenu le site de Marquèze, la partie forestière de l'écomusée. Mais, pour le moment je suis toujours sur la route (Liposthey - Pissos - Commensacq - Sabres).


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Il fait un temps magnifique, deux mois (à 4 jours près) se sont écoulé (cela change de mes séries de photos prises le jour même et les jours suivants, et fausse même la réalité tant ces ciels sont intenses). Pour mémoire, c'était cela quelques heures après la tempête, dans les bourrasques qui ont suivi, à deux kilomètres de chez moi :
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P1070183.JPGEt là, à l'avant-veille du printemps :P1070184.JPGP1070187.JPG

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08.04.2009

Crépuscule et blessures

Encore une fois. C'est plus fort que moi... J'avais besoin hier soir de sortir, de m'isoler, de vivre à ma façon ce crépuscule sur nos forêts massacrées. C'est à 3 km de chez moi, pas plus.

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Oui, je sais. Il y a tant de catastrophes dans le monde, avec des vies perdues, des disparus, des blessés. Dans le Abbruzes en ce moment. Où des gens terrorisés attendent les répliques.

Il n'empêche. Là, chez nous, une identité, un patrimoine, une économie... sont profondément atteints.
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788bis.JPG Le temps a passé. Contemplation, meurtrissure. En même temps qu'une voix au loin m'apaisait. Séléné veillant...

Au retour, dans les phares, la fantasmagorie...
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De Nantes, de Rennes, de Paris, de multiples adresses IP, les mots rassurants... mais tout de même cette forêt mise à mort.

09.04.2009

La forêt 70 jours après, et le provisoire qui va durer...

C'était samedi dernier, 4 avril. Dans les Landes mais en bordure de la Gironde. Entre Tessonnade (voir post concerné plus haut) et Forum du Parc naturel régional. En photos.

Tout d'abord, suite d'un échange avec Olivier : c'est roux, c'est sec, c'est extrêmement inflammable... Là, c'était... une forêt :
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P1070609.JPGP1070610.JPG Là, comment feraient, feront, les pompiers et les secours ? En un mois et demi, plusieurs départs de feu en Gironde et Landes... et déjà 175 ha touchés. Eh oui !
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Vous imaginez, là, une étincelle ?
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P1070661.JPGQuand au provisoire... qui risque de durer longtemps, voici un bord de routeP1070663.JPG
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Ces photos ont été prises sur un trajet de moins de 25 kilomètres, le samedi 4 avril 2009.

14.04.2009

Forêt landaise massacrée mais omelette pascale au rendez-vous (1ère partie).

Chaque année le dimanche et le lundi de Pâques sont l’occasion de journées dites "de l’omelette pascale" à l’Ecomusée de la Grande Lande de Marquèze. P1070850.JPGA ce nom plusieurs museaux de lecteurs-trices réagissent… pas vrai mon Brad ? ou… l’ami Gwenolé que je photographiai il y a deux ans sur le podium des danses traditionnelles ?P1070849.JPG
Cette année, le personnel, permanents et saisonniers, de l’écomusée, après les larmes des jours qui ont suivi le passage de Klaus le 24 janvier dernier, après deux mois d’un travail intense, méritait que l’omelette pascale soit une réussite et que le site, profondément mutilé, de l’airial de Marquèze, soit visité par une affluence record. Cela n’a pas été le cas hier, météo peu propice. En revanche, ce lundi, il y avait foule à la gare de Sabres et sur le site de Marquèze. Vielles, accordéons, cornemuses, flûtes, violons… étaient au rendez-vous, à l’accueil, en ateliers, et bien évidemment pour le bal « trad ». Beaucoup de bérets… montrant que les Landais des Landes comme de la Gironde venaient saluer le personnel de l’écomusée et se réapproprier un lieu qui, en partie dénudé, révèle pour trois ou quatre ans le paysage mouvementé P1070853.JPGd’avant la forestation massive du 19ème siècle : dunes, vallée de l’Escamat (affluent de la grande Leyre) et moulin. Evidemment, la forêt de gemmage a en partie disparu. P1070857.JPGLe « parisien » qui viendra là cet été trouvera, ma foi, ce paysage… normal. Il ne verra pas le gros châtaigner que la tornade a abattu, arbre vivrier dont les « marrons » nourrissaient hommes et bêtes jadis, ces dernière, du moins les cochons, fouillant le sol pour avaler les glands des nombreux chênes de l’airial (un peu moins nombreux, eux aussi depuis cette tempête).
P1070844.JPG Les trois kilomètres de train entre Sabres et l’airial traversent un territoire… bombardé, explosé, ravagé. La chair de poule… P1070846.JPGAu retour, en fin de journée, alors que le wagon était empli de joyeux cris d’enfants et du brouhaha sonore des conversations et interpellations, j’ai vu une dame, scotchée au paysage défilant, visage crispé, yeux embués, retenant difficilement larmes et spasmes de la commissure des lèvres, le cou tremblant, son entourage se taisant et la laissant avec délicatesse seule avec ce chagrin silencieux. Poignant !…
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P1070861.JPGJ’ai, une fois de plus, parcouru ces espaces abîmés, redevenus "vivants" par le travail acharné des un(e)s et des autres. J’ai promené ma mélancolie, j’ai tenu la main de… Mais non ! j’étais seul.

La route ? Comme tous ces derniers temps, comme dant de photos que j'ai mises en ligne depuis 10 semaines : P1070915.JPG










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06.07.2009

Pourvu que... NON !

La tempête Klaus du 24 janvier dernier a mis à terre 37 millions de m3 de bois dans ce massif forestier "landais" (un triangle couvrant essentiellement Landes, Gironde et le sud ouest du Lot-et-Garonne, avec débordements en Pyrénées-Atlantiques, Gers et Charente), le plus grand massif forestier d'Europe, en grande partie en forêt implantée et cultivée. Des chablis, c'est à dire des futs couchés, récupérables (mais il faut du fric pour exploiter, il faut les stocker en conditions sanitaires viables en plates-formes arrosées, puis trouver les marchés...), et de volis, c'est à dire des cimes, des troncs explosés, torsadés, etc..., non commercialisables, des troncs étêtés, des arbres courbés, inclinés, essentiellement bien sûr les pins maritimes, à côté, au milieu, autour... de parcelles en partie préservées ; un patchwork désastre économique et écologique... J'ai suffisamment publié de photos sur ce blog depuis janvier pour que mes visiteu(se)rs en soient conscients.
Branchages, aujourd-hui secs évidemment, volis et chablis avec les mottes racinaires encombrent toute une partie de la surface forestière sinistrée, laquelle est plus sensible que jamais au feu (mégot, étincelle d'engin motorisé, imprudence, geste inconsidéré...) mais est en même temps, paradoxe pour ce massif forestier si bien organisé pour la prévention du feu, les mesures de non propagation, la surveillance (cf mon récent post adressé à Marius avec le mirador) et la lutte contre les incendies de forêt, formidablement vulnérable et peu pénétrable par les moyens de secours.

Les photos qui suivent en montrent un aspect. Elles sont représentatives* de dizaines de kilomètres-carrés de forêt des Landes de Gascogne. Elles sont prises tout à côté de la commune de Vert, qui a fait l'objet de mes dernières mises en ligne d'images. Elles datent de vendredi au peu avant le crépuscule.
Nous entrons dans la forêt et...
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... et, tout de suite, nous comprenons pourquoi les secours ne peuvent pénétrer une telle forêt en cas de feu :
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* Il y a (heureusement) des surfaces maintenant nettoyées : parcelles débarrassées des bois abattus puis défrichées et nettoyées... Question de finances. Et il y a l'énorme travail effectué par le Parc naturel régional des Landes de Gascogne, par exemple la remise en état de près de 500 points de rupture du cours de la Leyre sur plus de 90 kilomètres (arbres tombés obstruant le cours navigable**, berges effondrées, etc), par exemple encore les 17 postes d'observation détruits du Parc ornithologique du Teich (maison de la nature du Bassin d'Arcachon)...
** canoé

24.01.2010

Insurrection en Algérie et tempête sur les Landes de Gascogne



24 janvier… Deux « anniversaires ». Il y a cinquante ans ; il y a un an.

Il y a un an, un énorme avion à réaction, trois jumbos en fait, pas moins, fait son point fixe de bout de piste là, à côté de la maison. Réveil en sursaut, il est dans les environs de quatre heures.

J’ai compris, la tempête annoncée est là. Avec une torche, je vais à la fenêtre sud de la salle de séjour, j’éclaire, et je vois les cinquante kilos de la bâche d’hivernage de la piscine, sans parler de la charge d’eau surnageant au-dessus du filet central d’écoulement, se soulever, les piquets, verticaux ne peuvent maintenir au sol, sur le caillebotis en fait, les attaches élastiques de la bâche. Je décide d’opérer une sortie (je me ferai par la suite traiter de crétin, de court au risque inutile, de quasi miraculé aussi). En fait le vent qui pousse tous les obstacles, la maison, les arbres, le barbecue, les haies… ce vent vient pour le moment de l’ouest sud-ouest. C'est-à-dire que, côté piscine, je ne suis pas encore trop sous la menace des chutes de tuiles ; mais plus sous celle de la parabole et de l’antenne-rateau… J’arrive à transporter, en un équilibre précaire, une série de gros pots de terre avec les arbustes et plantes restant dehors en hiver ; je cale tout le côté nord et le côté ouest de la bâche. La raison de mon activisme tient au fait que le caillebotis auquel est arrimée la bâche est simplement posé sur des madriers, eux-même simplement calés sur des parpaings ensablés. C'est-à-dire que la bâche soulevée par le vent y jouerait le rôle d’une sorte de voile, de spinaker entraînant l’ensemble je ne sais où…



Le bruit est effrayant. Je termine tout juste au moment où l’électricité est coupée : éclairages publics éteints, maison totalement dans l’obscurité. Il va y avoir quelques à-coups. Heureusement, la veille au soir, j’ai débranché tout ce qui est électronique. Seuls le frigo et la chaudière à gaz amorcent… Puis, plus rien, plus de téléphone, de l’eau parce que le château d’eau est plein.



Impossible de roupiller. Je suis à l’écoute de tous les bruits… à distinguer au milieu du tohu-bohu éolien. Je pense aux habitants des zones régulièrement parcourue par des ouragans et par des cyclones… Ce doit être terrifiant. Du coup, je pense aussi aux familles isolées dans les écarts, les airiayux et en forêt.



A sept heures, petit jour naissant, je ressors caler de nouveau ma bache. Là, le vent tourne et remonte au nord-ouest : gaffe aux tuiles !... Ma femme passe le nez par la porte, m’apostrophe (elle a raison), je rentre, trempé. Non sans avoir entendu des arbres « craquer », ce qui me fait dire « ça doit casser dans le voisinage »…



Vers huit heures trente – neuf heures, nous sortons tous les deux, l’intensité de la tempête est moindre. Le vent est bien à l’ouest nord-ouest. Nos deux cyprès de Lawson, de 15-20 mètres, qui avaient tenu le coup en 1999, sont tous deux abattus, base du tronc explosée. Tous deux tombés à 90°, chacun sur une clôture. Côté ouest la clôture est démolie ; côté nord, la haie de laurier-cerise a amorti la chute, un petit morceau de toiture du garage du voisin a été cassé. Notre étendoir à linge est écrasé. A première vue notre toiture est intacte, seules les antennes ont souffert. Sur le petit cabanon « de jardin », des tuiles sont fendues (probablement préalablement abîmées par les quelques gels subis ces dernières années) ; il y a un peu de foutoir derrière ce cabanon (rangements de matériel de jardin et piscine : parasols, mobilier, etc). Inspection de la piscine : et là je découvre les dégâts chez mon voisin côté est : il a trois pins parasols couchés.



Je ne ferai ma première vraie sortie que vers quinze heures lorsque le vent a faibli et ne souffle plus que par rafales. Mon blog vous tenu au courant, photos à l’appui, au cours des heures puis des jours qui ont suivi le rétablissement de l’alimentation électrique, je ne sais plus combien de jours après.



Je vous ai, à l’époque, montré les environs, les lisières de notre bourg et les jardins et maisons sous les arbres, les routes encombrées d’arbres, la forêt… la forêt dévastée.





Il y a cinquante ans… Bidasse en Algérie, en instruction à Oran, le maintien de l’ordre va me faire entrer dans la réalité des évènements. Le Général Massu a été rappelé par le Président de la République, Ch. De Gaulle, chef des armées. Les ultras de « l’Algérie française » menacent l’exécutif de sédition.



Le 24 janvier la situation tendue est devenue carrément insurrectionnelle à Alger. Le camp retranché (barricades) et les forces de maintien de l’ordre vont échanger des tirs (au soir du 24 janvier 1960 on dénombrera officiellement 20 morts, dont 14 gardes mobiles, et 147 blessés dont 125 gardes mobiles : les parachutistes n’ont aucun blessé ; chez les civils insurgés : 6 morts et 22 blessés).



A Oran, il y a bien quelques barricades, la tension est vive, mais il n’y a pas de camp retranché ; et ni Ortiz ni Lagaillarde pour enflammer la population. Les 25 et 26 janvier, les manifestations se poursuivront en ville, les forces de l’ordre, CRS, gardes mobile et troupes (nous par exemple) gardent la situation à peu près en main. Nous apprendrons, le 25 ou le 26, que du côté du « petit lac » il y a eu des incidents avec quelques tirs ; je ne sais pas si cela a été vérifié (en février je partais pour l’est de l’Algérois) et je n’ai pas à l’époque tenu un journal. J’aurais dû, je pense.



Nous, nous ne sommes pas en plein centre. Nous sommes au bout d’une avenue par où refluent les manifestations « ti-ti-ti--ta-ta, Al-gé-rie—fran-çaise » (et je ne vous dis pas ce qui se hurlait concernant le Général de Gaulle !...) ; notre section est disposée sous les murs du Lycée Lamoricière, ce qui fait qu’à certains moments nous sommes pris entre les manifestants et les potaches, installés sur le faîte du mur, qui reçoivent des munitions de la part de leurs camarades qui dépavent la cour, et –de temps à autre- nous gratifient de quelque lourd projectile… en nous prévenant au préalable.





Il y a des scènes surprenantes. Dont certaines que les « patos », comme diraient quelques potes « PN », ne peuvent aujourd’hui comprendre. Les manifestations auxquelles nous avons eu affaire étaient conduites par des UT, les « territoriaux ». Ceux-ci, réservistes, là où ils résidaient suppléaient les troupes de sécurité (et non les troupes opérationnelles), et conservaient chez eux treillis et armes.



Les anciens paras étaient généralement devant, avec leurs bérets bleus ou rouges selon les régiments d’origine : cela permettait de jouer sur l’empathie, voire certaines connivences, avec les unités de baroudeurs (ce qui a probablement marché à Alger avec le 3ème RPIMa*, le 1er RCP et le 1er REP, unités de la 10ème DP, celle que commandait Massu). Ces quelques gaillards avaient attaché une grenade OF à leur ceinturon et faisaient ainsi tournoyer une sorte de masse d’arme… jusque sous notre nez. Il fallait à tout prix éviter une confrontation.





Par deux fois (au moins, selon ma mémoire), lors d’un reflux de manifestation, l’un de ces territoriaux qui habitait à proximité et dont l’épouse tenait un petit commerce (j’ai oublié de quoi… mais je revois l’intérieur et le petit corridor menant aux WC car je sortais de dysenterie et restais fragile) revenait vers nous, et avec son accent « de là-bas, dis ! » nous invitait par petits groupes de quatre à venir à sa fenêtre boire du café. Violent l’instant d’avant, chaleureux ensuite.





Scène… euh, cocasse : de Gaulle ayant en urgence envoyé des renforts CRS de Marseille, nous avons assisté à un face à face de CRS « métro » VS CRS pieds noirs, camion contre camion…





Scène drôle, sauf pour le jeune homme à qui c’est arrivé. Notre secteur était sous la responsabilité des Fusiliers marins (bérets verts ou bonnets à pompon et à jugulaire, casquettes de marine à jugulaire). Une de leur section était à notre droite. Ces gars-là étaient en « base arrière », c’est-à-dire en repos, retour de séjour opérationnel dans le sud ouest de l’Oranie, sur les hauts-plateaux présahariens. Cette agitation venait troubler leur repos, et quelles que soient leurs opinions personnelles, leur unité n’avait pas envie d’encourager l’agitation. A un moment, un jeune est arrivé avec un scooter, revenant vers le centre-ville. Il actionnait fébrilement son timbre (klaxon) mesquin, une vilaine vibration de coq enroué, « zi-zi-zi zin-zin ! ». Serré par les fusiliers, son scooter et lui se sont retrouvés, immobilisés et soulevés à 1,50 mètre de hauteur, pilote soudain silencieux et vaguement affolé… avant que les gars ne le lâchent. Je ne me souviens pas de l’état de l’engin, si le jeune est reparti en le poussant ou en pétaradant. Mais je me souviens des cris des lycéens perchés sur le mur : oui.





Figurez-vous que 20-25 ans plus tard, dans le cadre de mon boulot, je déjeunais non loin de Bordeaux avec un ingénieur commercial dont je savais qu’il était d’origine pied-noir. Suite à je ne sais plus quel enchaînement dans la conversation, nous venons à parler d’Oran. Oran qui avait été mon premier point d’accueil en juillet 1958, à l’occasion de mon premier stage rémunéré de jeune diplômé d’agriculture (cf. mon blog il y a plus de deux ans, les chroniques « Commis de ferme »), Oran où j’ai passé un trimestre en instruction militaire et… maintien de l’ordre. Donc, nous parlons de cette ville magnifique, de la côte, de Santa Cruz, d’Aïn-el-Turck, de Mers-el-Kébir ; mais aussi d’Assi-Bou-Nif (littéralement « le puits de l’homme au nez ») où se trouvait un centre de formation professionnelle agricole qui avait accueilli en 58 les stagiaires dont je faisais partie pour les séquences briefing puis débriefing. Et je lui parle de mes contacts avec les pieds-noirs… et des lycéens de Lamoricière durant les évènements de janvier 60.



Et je remarque alors le sourire de mon interlocuteur : un mélange d’ironie, de douceur (en fait de nostalgie), une trace d’émotion. « J’y étais, me dit-il, je m’en souviens très bien. On évitait de vous les balancer directement, les pavés. Mais nous étions très fiers et avons par la suite raconté nos exploits ". Retraité, lui aussi, aujourd’hui, je sais qu’il réside non loin d’ici, sur le Bassin d’Arcachon. Le monde est petit...



Tiens, une autre scène, cocasse… à nos dépens celle-là. Au plus fort des manifs, le 25, des maîtres-chiens sont venus nous épauler. Nous en avions un avec nous. Instruction : « si je lâche le chien (en fait en longue laisse), vous restez immobiles, vous ne bronchez pas, il n’a aucune raison d’être agressif vis-à-vis de vous ; il ne s’en prendra qu’aux agités, aux manifestants qui vous déborderaient ».



OK, compris. D’ailleurs le lieutenant nous répète la consigne. Les faisceaux de MAS 36 (fusils) sont défaits, arme en bretelle, un groupe et moi sommes équipés de PM (la MAT 49), nous sommes alignés le long du trottoir, en bordure, les lycéens ne nous canardent pas, la manif arrive, le chien est aux aguets. Soudain le lieutenant gueule un ordre et s’agite… Que pensez-vous qu’il arrivât ? Eh oui : il a laissé un morceau de son pantalon de drap (car lui n’était pas en treillis) dans la gueule du Berger allemand !!!...





Autre scène encore, courte. A treize heures, après une manif, alors que le rata n’est pas encore arrivé, que nous disposons de « rations K » ou rations de guerre  (corned beef et biscuits de guerre) mais que nous aimerions avoir du pain, nous voyons une musulmane (on appelait ainsi les Algériennes non européennes), haïk sur la tête et dentelle devant nez et bouche, accompagnée d’une fillette portant du pain.



Je me précipite vers elles afin de leur demander où se trouvait « la » boulangerie : la fillette détale, la mère la rappelle, lui explique « c’est un soldat français, il ne te veut pas de mal, il nous protège » Et à mon adresse « Excusez ma fille, monsieur. Vous savez, c’est perturbant pour cette enfant. » Elle m’indiqua où trouver du pain et ajouta « Ce n’est pas drôle pour vous, et ce n’est drôle pour personne, ni pour les  Français d’Algérie, ni pour les musulmans ». Très digne.



Je suis repassé à Oran en 1971 mais n’ai pas eu le temps de retrouver ces lieux.



Dernière anecdote, ...à la gloire d’un caporal-chef. Patrouille de nuit : nous descendons vers le port. Dire que nous sommes sereins… serait mentir. Mais pas paniqués non plus, juste sur la défensive.



Dans la descente, la section s’est répartie sur les deux trottoirs : une partie en amont longe les murs et l’autre en aval les balustrades. En bas, l’eau des bassins miroite. Le couvre-feu fait que tout est calme ; c’est presque oppressant. Je suis côté amont lorsqu’entre deux bâtiments une zone d’ombre se projette sur la chaussée ; il y a apparemment un espace écroulé, une sorte de zone de gravats, un petit terrain vague.



Le caporal-chef nous stoppe et nous indique qu’il n’est pas prudent de maintenir la progression en rasant les murs… « C’est ça, on n’a qu’à foncer sur la chaussée en face de chaque porte et chaque fenêtre gouaille l’un de nous » Nous nous regardons, sidérés. J’ai déjà fait mon peloton de cabot (on dit P1), je prends mon souffle et je contredis le cabot-chef. Nous repartons. L’incident est clos (j’ai eu un peu peur d’avoir « un motif » au derrière…).



Nous apprendrons par la suite que ce garçon, de 32-35 ans environ, militaire de carrière, régulièrement nommé caporal-chef et aussi régulièrement rétrogradé après beuverie, ou insolence envers plus gradé que lui, était un as des transmissions en Indochine. Mais qu’un sale coup lui est arrivé à Saïgon (ou ailleurs) et que, depuis, il a une trouille folle du noir, qu’il cauchemarde régulièrement et revit sans cesse une agression.



A l’issue de ces journées, l’autorité nous fit au rapport un petit discours de satisfaction et nous indiqua que nous venions d’inscrire notre première action susceptible plus tard de nous valoir une médaille (en fait la « commémo »). Quelques jours après, il m’arrivera, en patrouille interarmes, en remontant en camion vers la caserne d’Eckmühl (chez les artilleurs), d’être pris dans une secousse sismique, d’être littéralement chaloupé en même temps qu’un grondement quasi intemporel emplit l’espace. Rapidement, les maisons et immeubles ont dégorgé des nuées d’habitants. Il y a eu une deuxième secousse alors que nous étions descendus du camion. C’est mon dernier souvenir visuel de la ville d’Oran en tant que militaire puisqu’en février j’ai été affecté à l’est d’Alger.



-*- Le 3ème RPIMa était le régiment de Bigeard. Les léopards. Il se trouve que ce blog a été l’objet d’échanges, vous devez vous en souvenir, avec un ancien sous-officier de ce régiment : Raymond Cloarec.

Il se trouve que Raymond Cloarec m’a écrit, du moins a laissé un commentaire, avant-hier, sous la note « Bigeard boy : RESPECT ! ».

Il est évident que je vous en ferai part, avec mon commentaire, car depuis que R. Cloarec m’a entretenu de la mort de l’officier Sentenac lors de l’opération Timimoun, je me suis documenté et j’ai même un bouquin illustré relatant succintement cette épopée saharienne. Vous retrouverez R. Cloarec à l’aise avec les anciens fellaghas comme avec ses camarades de combat : un souffle d’espoir peut-être pour que ces évènements soient assumés de part et d’autre de la Méditerranée sans qu’il soit besoin d’en passer par ces « repentances » demandées ou attendues par certains…


19.12.2010

Matin-forêt ensoleillé sous la froidure

P1170272.JPGTrop de photos à mettre en place... ma note annoncée de semaine en semaine concernant l'élévation du roman par les croisées d'ogives et clés de voûte... avec l'exemple de Saint Rémi, magnifique basilique royale rémoise, jusqu'aux élancements et flamboyances du gothique à Notre-Dame, la cathédrale royale de Reims.P1170280.JPG

Néanmoins, puisque de photos il s'agit, à près de la seconde commémoration annuelle de la tempête Klaus (c'était il y a 22 mois et 19 jours), en ces froids matins d'hiver, voici un tour rapide en forêt... ou ce qu'il en reste de pins et un retour dans les espaces verts, restes de la forêt mixte qui précédait, il y a 37 ans, le lotissement dans lequel j'habite (photos prises à moins de 100 mètres de chez moi).

Vous verrez là les friches consécutives au nettoyage opéré, mais souvent en arrière plan la régénération, la future forêt..., jeunes plantations en fait consécutives, elles, à la tempête de 1999.
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P1170295.JPGContraste des ors quercyens et du vert des pins...

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Photos fortement compressées (redimensionnées).

24.01.2011

Notes du souvenir : de l’Algérie en 1960 à 300 000 hectares ravagés par une tempête il y a deux ans. ans.


Il y a un an, remuant les dates anniversaires, je ne pouvais évacuer cette première année de l’après-Klaus. Ce blog avait suffisamment montré ce territoire forestier martyrisé, dévasté, en perte d’identité paysagère, à travers nombre de notes et des dizaines de photos.


P1170885.JPGAujourd’hui, il y a exactement deux ans que cette tempête nous a frappés. A ma modeste échelle, ce furent deux cyprès de quelque vingt mètres qui, alors qu’ils avaient résisté à la tempête du 29 décembre 1999 (Martin si je ne me trompe), se sont cette fois-ci abattus, formant un angle de 90° de telle sorte que la chute de l’un a été amortie par une haie et a légèrement détérioré la toiture du garage d’un voisin tandis que l’autre, tombé plus tard (en début de matinée) lorsque le vent avait tourné, passant de ouest – sud-ouest à ouest – nord-ouest, s’est abattu sur une clôture qu’il a évidemment démoli. Là aussi, le blog en fut le témoin par mise en ligne de photos.P1170889.JPG

Citer ces deux arbres alors que ce sont 38 à 40 millions de mètres-cubes de bois de pin qui ont été mis au sol sur 300 000 hectares de forêt ravagée (deux ans après, trente millions de mètres-cubes ont été enlevés) semble égocentré, non ?

P1170866.JPGEn fait, c’était simplement pour dire que, depuis novembre, le feu dans la cheminée est alimenté presque exclusivement par le bois de ces deux « lawsonii », de la bûchette à la grosse bûche tellement chargée de nœuds que le merlin n’a pu la fendre. L’une de ces bûches est là, en train de se consumer, sur ces photos.

Chaque matin les cendres sont récupérées pour le potager car c’est un engrais potassique ; les reste de braises, de charbon de bois le sont aussi et enrichissent la réserve destinée au barbecue. Un hiver donne trois à quatre barbecues pour une bonne tablée… Rien ne se perd[*]P1170888.JPG



Mais, il y a un an, je rappelais ici un autre anniversaire, cinquante ans en l’occurrence, d’un évènement vécu en Algérie. Si je cite cela maintenant, c’est parce que j’ai à ce propos laissé un commentaire sur l’Aquablog cet après-midi à ce sujet.

Entre temps, je suis allé tailler une de mes haies.


[*] Ah ! mes manies « développement durable »… Le composteur fonctionne à merveille de son côté. Et l’alternance de lits de feuilles mortes hachées avec les déchets végétaux ménagers (plus coquilles d’œuf broyées à la main) donne un ensemble à la saine odeur d’humus.


Post-Scriptum.
Il se peut que vous soyez arrivé(e) sur ce blog parce que quelqu'un de particulièrement bienveillant à mon égard vous y a conduit. Vous êtes évidemment bienvenu(e) ici.


04.02.2011

La vie, foisonnement sur des territoires sinistrés

P231010_17.430002(1).JPGJe l'évoquais il y a dix jours : Klaus... c'était il y a déjà deux ans.P231010_17.450002(1).JPG
Deux ans, et toutes les surfaces sinistrées ne sont pas encore nettoyées. Il y a aussi une question de fric pour certains petits propriétaires forestiers...








P231010_17.450003(1).JPGJe musarde toujours dans nos forêts quand j'en trouve le temps. P1140571.JPG
Appareil photo avec moi si possible.









P1140544.JPGFaut-il laisser s'installer une impression de désespérance ?P1140581.JPG
Le noir et blanc, il est vrai, accentue l'effet de solitude des rescapés. Mais... la relève est là. La vie... Il y a des feuillus ; il y a toute une végétation de taillis et de pelouse de sous-bois, même sur ces terrains lessivés que sont nos sables landais, nos "podzols"...

A droite, un parterre de chêne rubescent (chêne américain) issue d'une abondante glandée sur un terrain chargé en humus.

Et, ci-dessous, sous le rescapé, sous le pin... solitaire, la relève est là qui foisonne, encadrée par des châtaigniers. Mais nous sommes non pas en système "coupe rase" suivie de labour et plantation mais en semis naturel, spontané, en "sylviculture naturelle et continue", système PRO SILVA, chez Monsieur Hazera, aux limites de Belin-Béliet et Hostens.

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 Cette reconstitution à partir d'archives de blogs est incomplète. Au fur et à mesure de mes succès de fouineur dans mes archives, je compléterai le présent document.


En attendant, il me semble utile de terminer par une image d'un genre moins stressant, pourtant prise dans l'un de ces secteurs sinistrés (dans les Landes, à quelques kilomètres de la Gironde :