samedi 23 juillet 2011

Nos fruits, les gazons, quelques conseils en passant. Et restauration de races animales locales.


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Si vous aviez des tomates qui avaient commencé à nettement mûrir avant cette séquence de pluies et de froid, surveillez-les au moindre réchauffement (c’est le cas là où je réside aujourd’hui où le soleil est relativement généreux ce samedi) et n’hésitez pas à les cueillir si vous observez qu’elles se fissurent.2-Vaches race Marine.JPG



La sécheresse précédente suivie d’un afflux d’eau fait que ces fruits ont commencé leur mûrissement puis ont brutalement été approvisionnés en sève, les faisant gonfler. L’éclatement est favorable à l’installation de bactériose mais aussi de moisissure, voire du champignon Botrytis.

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Les fruits de saison, pour les mêmes raisons, sont à surveiller, voire cueillir s’ils sont mûrs : diverses prunes, raisins de table, nectarines…


A noter que la bouillie bordelaise est un excellent « bactéricide » et peut prévenir certaines moisissures (mais pas botrytis, la « pourriture grise »). Mais à ne pas appliquer à moins de 15 jours d’une récolte et, surtout, à ne pas appliquer sur fruits déjà éclatés (une évidence).

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6-Chèvres des Pyrénées Béarn-Pbasque.JPG





Les gazons, ah… les gazons !... Mes « habitué(e)s » connaissent mes préventions à l’égard des beaux gazons archi arrosés et archi tondus… Bon : ils existent, et je reconnais qu’une jolie bande de gazon ou un « carré » de gazon sur un petit terrain, ou en valeur par rapport à une terrasse ou une entrée alors que le reste du terrain est entretenu de façon plus naturelle… est tout à fait légitime… à la condition de ne pas demander plus au sol que ce qu’il peut supporter et fournir.


7-Mules Landes-Béarn.JPGLes gazons arrosés risquent, surtout dans des terrains légers et pauvres comme nos sables « landais » (les spécialistes les appellent des « podzols »), de se satisfaire d’un enracinement superficiel. Pour cela, autant en début de saison, si la fin de l’hiver et le début de printemps ont été pluvieux, on peut les tondre assez court, autant je déconseille ces tontes mutilantes sur arrosage artificiel en période sèche, voire caniculaire. A la fois pour éviter un épuisement des graminées en reprise de tallage et pour maintenir une surface absorbante aux moindres rosées…


En revanche, des périodes pluvieuses comme celle que nous venons de subir (ici, mon pluviomètre m’a indiqué 47 mm de hauteur de pluie en près de deux semaines) permettent suffisamment d’infiltration et de saturation des couches supérieures du sol pour que l’enracinement des graminée s’étoffe.


Dans tous les cas, les plantes à rosettes, en général nourries par un pivot, profitent pleinement de la moindre trace d’eau et ont suffisamment de réserves pour subsister alors que les graminées jouent le paillasson lors de longues sécheresses…


Quant à l’herbe tondue, ne la jetez pas. Si vous-même ne compostez pas, cherchez la voisine ou le voisin que cela intéresse. Je constitue une partie de mon terreau grâce à un voisin… tondeur et arroseur compulsif !... Bien évidemment en mélange avec de feuilles sèches et feuilles mortes, avec les déchets ménagers végétaux, les marcs de café et de thé…



Et, pour illustrer… quelques images… qui n’ont rien à voir avec ce texte, mais avec mes horizons de contemplation et de culture technique.Cliquer sur les photos.


Légendes : 1- Bœufs béarnais (animaux de trait) ; 2- Vaches de race Marine (vaches du littoral) ; 3- Vaches « bordelaises » (sauvetage de la race) ; 4- Race bazadaize (Pays Landes de Gascogne) ; 5 et 6 Chèvres des Pyrénées (Béarn et ays basque) ; 7- Mules des Landes et du Béarn (attelage et trait).

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Note à Brad : des poireaux perpétuels vont, avec ton accord tacite, être mis en terre par un chargé de mission de conservation de patrimoines divers au Parc naturel des Landes de Gascogne (il est de Magesq... et je pense qu'il en mettra en terre également chez lui). Actuellement, il tente la récupération d'un millet à graines brunes (et non blanches), un "millet-panic" (à ce sujet, le 6 mai 2010, sur un autre blog, sous le titre "Les Rouletabille du millet", j'avais relaté une journée de recherche, de poursuite à la trace de vieux millet avec ce chargé de mission du Parc naturel régional des Landes de Gascogne. Je fais suivre ci-dessous ce texte. Il faut des journées d'investigations pour retrouver, généralement chez des personnes d'un certain âge, la trace de toutes ces plantes, millet, sorgho, vieux maïs, haricots et fèves, seigle... que ces personnes sèment, sélectionnent, resèment... depuis le milieu du XXème siècle, et préservent ainsi de l'oubli... alors même que, peut-être, ces cultures, rustiques, retrouveront une nouvelle jeunesse.

06.05.2010

Les rouletabille du millet ; additif réactualisant la note

Nous sommes partis hier, dans la brouillasse et par 6°C de température ambiante, à la recherche du millet* traditionnel landais, en l’occurrence une semence rousse que j’avais repérée l’été dernier au fin fond d’un quartier** du sud-est du territoire du Parc, presque hors de P1130857(1).JPGla "Haute Lande" et que nous avons cru réellement "locale" un chargé de mission du Parc naturel des Landes de Gascogne, historien et assistant d'un Conservateur du Patrimoine, et moi.


Une véritable aventure "policière" pour retrouver le corps du délit, ou le cadavre, ou l’assassin, ou, plutôt, le témoin manquant. Bref, il nous a fallu passer du quartier à un airial** contigu, un autre, encore un autre, revenir vers un autre airial lui-même contigu mais situé à l’opposé des premiers, expliquer, parlementer, découvrir des gens passionnants qui ont des tas de choses à raconter, retrouver à travers des paysages de retour à la lande ce qu’il y avait encore comme agriculture paysanne il y a quoi… une quarantaine d’années, un demi-siècle dirons-nous. Il subsiste des cultures, de millet justement, de moutarde, de tournesol, des mélanges destinés au gibier, sur une faible partie des surfaces jadis consacrées au seigle, au millet, mais aussi au blé, à de l’avoine pour les mules qui avaient succédé aux attelages bovins, et cultures vivrières des sols siliceux comme la pomme de terre…

La piste nous mena vers deux issues***. L’une en forme d’impasse, intéressante cependant. En plein Bas Armagnac****, chez un grainetier, un vrai (comme hélas la civilisation des centres commerciaux nous en privera bientôt). Il fournit aux associations de chasseurs des mélanges pour agrainer le gibier (à commencer par les sangliers) : tournesol, sarrasin et céréales diverses, dont le maïs ; ainsi que la semence qu’utilisent ces associations, en particulier de millet "des oiseaux".

L’autre, qui n’est espérons-le pas une issue mais une voie d’espoir pour notre ami du Parc naturel, est celle d’un "vieux", un Landais de 80 ans passés qui, depuis soixante ans, entretient dans un véritable jardin, au sol régulièrement fumé, du maïs traditionnel, le maïs blanc landais (grain blanc, rafle- ou rachis- blanche) , aux rendements fluctuants puisque non irrigué. L’agriculteur qui nous a ouvert cette piste nous a montré ce maïs mais n’a pas pris le risque de nous conduire à ce vieux Landais de façon à ne pas effaroucher ce dernier. Il sera l’intermédiaire de mon ami du Parc… avec l’espoir de trouver du millet, celui qui nourrissait les hommes.


P1130863(1).JPGMais, notre filature a eu d’autres retombées. D’abord de trouver des objets comme ce corbillard et ces poêles de fonte. Mais aussi d’observer, une fois de plus cet habitat ouvert et les bois de charpentes et deP1130864(1).JPG pans muraux… Et puis, de déguster quelques turions d’asperges, biens verts et bien juteux, associés à la roquette, goûteuse, et aux fleurs de ciboule, bio forcément bio… Cela devant un feu, un feu… vraiment bienvenu.


*Consulter Wikipedia et Ekopedia.

** L’habitat traditionnel de la lande était organisé en quartiers de plus ou moins grande importance, avec pour certains une église ou une chapelle paroissiale, situés si possible hors d’eau et à proximité des zones cultivables. Les « unités » territoriales de base, P1130870(1).JPGles airials ou airiaux, étant des espaces de pelouse (à ovins) plantés de chênes entre autres où résidaient des métayers, bergers, tacherons et des artisans. La densification des bourgs s’est faite progressivement, et surtout à partir de la seconde moitié du XIXème siècle avec laP1130881(1).JPG« forestation » massive en pins maritimes, et donc le gemmage (main d’œuvre) et les industries du bois. Cela dit, l’argile, abondante en sous-sol, et les grès ferrugineux (garluche) avaient permis le développement d’une industrie de la terre cuite et d’une industrie de forges, toutes deux consommatrices de charbon de bois, autre activité de ces territoires également boisés (chênes, nombreux feuillus y compris aulnaies à proximité de l’eau, et puis les pinhadas qui ont permis la toute première industrie de ces régions : les ateliers de poix et goudrons dès l’antiquité et même avant).


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*** Sans jeu de mots… sur les issues de céréales !

**** Le qualificatif « bas » pourrait laisser croire que les eaux-de-vie de ces terroirs landais et gersois sont de moindre qualité. Il n’en est rien, bien au contraire : les Armagnacs de cette région sont les plus cotés.





Dernière image (excuses aux visiteurs : tout est pris sous la pluie) : il s'agit de "la plaine", c'est à dire ces larges espaces paysans, autrefois en culture (seigle, millet, blé, avoine, pomme-de-terre...),  dont il a été question plus haut. Remarquez l'entourage de bois, bosquets ou bois de feuillus, lisières feuillues de pinhadas, mais aussi, en arrière plan un peu partout (très ravagées par la tempête Klaus le 24 janvier 2009) les forêts de "pins des Landes"...
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Jeudi 6 mai, 23H

Mon post pourrait laisser croire que le millet a disparu, qu'on a perdu sa trace dans le massif landais (lequel je vous le rappelle occupe une partie de la Gironde, un beau triangle en Lot-et-Garonne et l'essentiel des Landes). Ce n'est pas le cas, bien évidemment. Et mon compagnon d'hier, en expérimente dans diverses situations et modes de culture. Pour recadrer notre aventure de mercredi, je me dois d'indiquer que j'ai ramassé en juillet dernier un pied de millet très roux dans une parcelle isolée en bordure de forêt dans un quartier isolé, à proximité du sud-est du territoire du Parc naturel régional des Landes de Gascogne. Puis, pensant d'ailleurs que j'avais eu affaire à un sorgho particulier, nain, à petits grains, j'avais "oublié" cet échantillon dans ma voiture. Il avait pour moi une valeur symbolique, tout comme si j'avais trouvé un chanvre "local" (hey ! pas d'interprétation, hein ?), dans la mesure où je suis de ceux qui souhaitent voir expérimenter sur nos territoires des cultures peu ou pas exigeantes en eau et en intrants chimiques, et ayant un intérêt alimentaire (gibier, bétail, humains) ou technologique (fibres et isolants pour le chanvre)...

Et puis, à l'occasion d'une conférence de la Société de Borda, le 23 mars dernier, j'ai parlé de cette "trouvaille" à notre agent du Parc naturel régional qui étudie ces questions, me souvenant que la plante, sèche, était toujours dans ma voiture (huit mois après). Je lui ai montré... et il a immédiatement identifié un millet (panicum je pense), mais nouveau pour lui du fait de la couleur prononcée des graines. Voilà l'origine de notre équipée de cette semaine... Notre historien du patrimoine est un habitant du Marensin, au sud-oust des Landes ; il connaît ces problèmes, ce que je viens de vérifier (via Google).


Ci-dessous donc, un article de Sud-Ouest concernant, entre autres sujets, le millet dans les Landes. Notre ami est à gauche sur la photo :

La vie du village.
- Publié dans : La vie du village.
Article Gerard BENQUET JOURNAL SUD OUEST
Il était étonnant que dans notre département de grande réputation gastronomique, il n'y ait pas encore de convivium Slow Food. Peut-être, pensait-on qu'il n'en était nul besoin. Pourtant, à Magescq, comme ailleurs, dans cette région du Marensin, parsemée de producteurs, il est important de sauvegarder les produits, les traditions alimentaires, la biodiversité et le plaisir de manger.
C'est pourquoi, Sloow Food Landes a souhaité orienter son action vers une découverte du terroir avec un travail en profondeur sur le thème de la sauvegarde des races anciennes, destinées à fournir des produits typés de qualité. C'est en présence de Jean-Claude Saubion, maire de la commune, que le tout jeune groupe landais que préside Christian Godron s'est réuni, mardi matin, à Magescq, dans le cadre bucolique du conservatoire avicole de Puyobrau, créé et géré par Dominique Dubuc. Plusieurs personnes intéressées par Slow Food avaient fait le déplacement pour grossir les rangs landais.

ab7dfcc1c1.jpgPour Dominique Dubuc, « la volaille, c'est comme le vin, la qualité doit se payer... » Mais hélas, ajoute-t-il, « la mal-bouffe a pris le dessus ». L'objectif est aussi d'éduquer les adultes et leurs enfants à être davantage sensibles au vrai goût des aliments pour qu'ensuite ils choisissent de manger une nourriture « bonne, propre et juste ». Pour lui, il y a urgence car des statistiques récentes apprennent que la génération de jeunes qui arrivent à l'âge adulte est « déculturée » sur le plan gastronomique.
L'avenir du millet
La culture du millet ayant disparu dans les Landes, Slow Food souhaite se consacrer à la survie des variétés anciennes avec le millet commun qui servait autrefois à nourrir les hommes. Pour cette opération, Slow Food Landes veut contribuer à la sauvegarde d'un patrimoine alimentaire local et entend préserver la diversité d'une alimentation de qualité. Dans un passé lointain, du millet l'on sortait le millas et l'escautoun qui était fait avec de la graine de millet, remplacée plus tard, par la farine de maïs.
Prochains rendez-vous Slow Food dans les Landes : le 25 juillet et 18 septembre à Montfort. Contacts : 06 81 01 11 50 et 09 52 61 39 79. Courriel : slowfood.landes@gmail.com
Auteur : Gérard Benquet