jeudi 29 septembre 2011

Gabier, hussard de la République, militant de l’exigence (la buée derrière les lunettes).

Daté du 27 septembre au soir sur un autre blog :

Voilà…

Comment vous l’exprimer ? D’abord, je vais être absent de mon clavier, de chez moi, quelques heures, une journée. Normal, rien de spécial à cela.

un pote, la mort, le chagrinSauf que demain en fin de matinée, je serai dans le Périgord pour la cérémonie funèbre et l’incinération d’un pote. Un petit jeune de soixante-sept ans. Gabier certifié du Bélem, hussard de la République, fidèle pote, petit mais grande gueule, ancien demi-de-mêlée et père d’une fille et d’un première ligne de rugby, indéfectiblement de gauche, celle des révoltés permanents, des indignés, des intransigeants.un pote, la mort, le chagrin

Récemment retraité, à 61 ans et quelques mois, j’avais en 2001 conduit Monsieur à Concarneau pour le premier de ses embarquements sur le Bélem. C’était un cadeau collectif que nous lui avions fait lorsqu’il avait soldé ses droits à la retraite d’instituteur (pas prof des écoles, non : instit) : naviguer sur le Bélem, préparer son grand rêve (inaccessible en fait) d’acquisition d’un voilier et de tour du monde, bras d’honneur géant à la proue.

un pote, la mort, le chagrinD’ailleurs, après avoir vu le trois mâts franchir la passe et s’éloigner de Concarneau, j’avais accompli une sorte de pèlerinage, refaisant un an plus tard en partie le dernier trajet autonome de mon père, quatre-vingt dix ans en 2001. La Bretagne n’était pas son pays « natal » (père officier, fils né en ville de garnison, presque face aux Teutons) mais celui de son enfance (dès le veuvage de sa mère au printemps 1915) et de son adolescence. Mon père s’était « offert » un dernier voyage allant du Morbihan à Morlaix, avec un maximum de points de balade (courte) à pieds sur le sentier du littoral. Je savais qu’il ne reprendrait plus sa Twingo, que bientôt sa mobilité serait réduite…

Hussard de la république : vous savez, ces gens dont un certain petit bonhomme arrivé à la magistrature suprême en 2007 a dit un jour qu’ils incarnent moins nos valeurs que le curé de la paroisse (toubib et curé : les vrais notables !).un pote, la mort, le chagrin
Ces gens qui se sont usés, oui : malgré les congés et les jeudis devenus mercredis…  qui se sont usés à l’accueil, à la pédagogie, au lien social souvent, à l’innovation (ce fut le cas de mon ami avec l’informatique en primaire, il y a… ouh…), aux kermesses, aux lotos ; ceux qui, par exemple, dans nos campagnes, trimballaient le Debrie 16 et organisaient les séances de cinéma dans les Foyers Ruraux et… dans les patros avec le curé du coin. Pareil en banlieue… mon pote, venu des bords de sa Dordogne (c’est là qu’il a rendu l’âme samedi soir) enseignait en banlieue bordelaise. En banlieue bigarrée. En banlieue « des cités ». Et il y a fait du bon boulot. Souvenirs de fins de Ramadan… souvenirs de kermesses aux relents culinaires maghrebins, africains, caraïbes, asiatiques… Un président de parents FCPE algérien…

un pote, la mort, le chagrinJ’ajoute que son épouse, aujourd’hui effondrée, était… hussarde elle-aussi, directrice de maternelle dans une banlieue ouvrière. Accueil, lien social… puériculture appliquée, nettoyages de cacas, consolation de bouts de chou…


Ayant pris sa retraite et étant retourné « au pays » (qui est aussi celui de son épouse), il avait rangé son légendaire scepticisme et avait repris goût au militantisme, plus particulièrement depuis 2006-2007. Il avait, ils avaient tous deux, une vie associative intense.

Par pudeur, « elle » ne m’a jamais dit l’essentiel au téléphone. Sinon que j’étais attendu, qu’il y avait un moment que je n’étais pas allé les voir, que « ma » chambre m’y attendait, qu’il fallait discuter plantations et transplantations, qu’il y avait des noisettes à ramasser dans le jardin, qu’il fallait se retrouver pour » aller aux cèpes »… Et je remettais ce « voyage » (quoi : deux petites heures de voiture).
Et ce couillon est parti sans que je lui aie dit bonjour (adiu), que j’aie entamé une de ces discussions politiques orageuses dont, tout de même, le lieu géométrique était cet Élysée tenu par un antisocial, un organisateur de la prédation fiscale des classes moyennes et des petits contribuables… au service de quelques puissants et fortunés ; un destructeur de l’École de la République, de l’Hôpital de la République, du lien social au sein de la Nation…un pote, la mort, le chagrin


Bon ! je culpabilise mon vieux Jean-Paul, évidemment. Je redoute le moment où je verrai les yeux gonflés de chagrin de ton épouse. J’ai eu ton fils au téléphone, deux fois, dont une longuement ce matin, j’ai enfin compris qu’au-delà de l’infarctus qui n’en était qu’une conséquence, il y avait une dégénérescence et une condamnation à peu d’années avec un corps répondant à peu près et un cerveau vraiment lucide. Mais tout de même de beaux projets dont un, à défaut de prendre la mer, celui de pouvoir au moins, de temps à autre, dans l’année la contempler depuis une de nos îles atlantiques… dans tes prix s’entend.


Tu n’étais pas revenu ici depuis treize ans. Voici trois ou quatre images modestes de nos lumières d’automne.
Petit matin dans le prunus, les roses qui n'en finissent pas de grimper et s'épanouir, prunus et querçus américain au couchant... et ce couillon de cerisier en fleurs depuis trois semaines (comme son voisin de seringat...)


un pote,la mort,le chagrinCe 28 septembre, alors que se déroulait la cérémonie d'adieu au colombarium, je ne pouvais m'empêcher de me souvenir du décès de mon père... dont l'incinération a eu lieu un 28 septembre, il y a tout juste quatre ans... Je l'évoque d'ailleurs dans ma réponse (ci-dessous "commentaires") à Pivoine et à Hubert 41.

Mais, si je reprends cette note, c'est parce que je dois à la vérité quelques compléments. Instituteur qui refusait que les drôles l'appellent "maître" mais le connaissent par son prénom, (précisons pour les gens d'ailleurs qu'ici les drôles sont les enfants), mon pote, gabier du Bélem, avait une "vocation" toute autre. La médecine. Il avait d'ailleurs entamé son PCB[*] (ne cherchez pas, c'est de nos âges, comme pour moi qui ai suivi SPCN[*]... d'ailleurs avec des TP et TD en commun avec le PCB) quand sa famille, très modeste, en désaccord total avec ses projets (on lui avait fait faire du petit séminaire avec l'espoir de voir éclore une tout autre vocation... avec pour résultat d'en avoir fait un athée... relativement anticlérical) lui a coupé les vivres.un pote,la mort,le chagrin

un pote,la mort,le chagrinIl a ruminé toute sa vie d'homme cette frustration, considérant dans les moments de cafard qu'il était en échec. Cela ne vous étonnera alors guère de savoir qu'il a continué de lire des traités de biologie, d'anatomie, de biochimie... et qu'il se tenait informé tout à la fois des progrès de la médecine et des difficultés de la recherche sur certaines maladies... Le genre de patients susceptibles de mettre mal à l'aise les toubibs... comme d'être, au contraire, d'excellents auxiliaires de ces derniers dans l'application des thérapies.un pote,la mort,le chagrin
Sa curiosité, soyons rassurés, dépassait largement le domaine de la médecine et ce petit homme, au regard vif, dirigeant ou du moins dévoué au club de rugby local (qui joue en Pro D2), à l'humour corrosif, était un puits de culture.

En tout cas, j'ai su aujourd'hui qu'il était parfaitement lucide sur son avenir, sur ce qui lui bouffait cervelet, bulbe rachidien et moelle épinière, et sur les dangers encourus au plan cardiaque.

un pote,la mort,le chagrinMa passagère durant quelque quarante minutes, son épouse, me disait qu'il avait dit "stoïque vis à vis de la souffrance et de la maladie, épicurien car la vie doit se dévorer comme il se doit".



Encore des images : accompagnant ses cendres, dispersées dans la Dordogne et "devant rejoindre la mer" comme cela a toujours été sa volonté, nos roses, nos pauvres accompagnatrices (quasiment en face de la maison de son enfance).un pote,la mort,le chagrin
Et, comme je n'ai pas eu le temps (ou l'incorrection vis à vis de ma passagère) de fixer certains paysages vallonnés, boisés, aux couleurs de prémices d'automne, je mets des photos prises près de sa maison, son univers urbain.


Salut, gabier ! Je me souviens de ta fierté d'être monté dans les vergues dès ton premier stage sur le Bélem, et de ta joie de m'annoncer que tu avais participé à un quart de veille en montant dans la hune. Tout là-haut.

Tout là haut...

[*] Les propédeutiques sciences (1er cycle en fac des sciences) comportaient MPC (maths, physique, chimie) faisant suite au bac "maths" ou, pour les bons en maths, au bac "sciences expérimentales", SPCN (sciences physiques, chimiques et naturelles) suivant le bac sciences ex ou sur examen spécial d'entrée en fac de sciences pour des filières genre agriculture, et PCB (physique, chimie, biologie), préalable aux études médicales ou dentaires. 
SPCN et MPC se sont ensuite effacées au profit des DUES (dipl.universit. d'études scientifiques, avec options) remplacés ensuite par les DEUG sciences. Quant au PCB, il est devenu CPEM puis PCEM (premier cycle des études médicales)...

Pour plus de clarté, ci-dessous les échanges de commentaires sur le blog dont la présente note est issue :

Commentaires

Une pensée amicale pour vous Bruno.
Courage pour cette journée si difficile à passer.
Écrit par : pivoine | 27.09.2011
Un coucou à toi et à l "honnête homme"..
Écrit par : hubert41 | 27.09.2011
Plus difficile pour une famille que pour moi... Pour revenir du crematorium au domicile, soit une quarantaine de minutes (par des paysages périgourdins splendides), j'ai été le chauffeur de l'épouse de mon gabier. Son fils m'a dit, cet après-midi, qu'elle l'avait prévu, qu'elle m'attendait, qu'elle le voulait. Quarante minutes étrangement détendues (cela m'a rappelé l'apaisement ressenti lorsque j'allais retrouver mon père dans le funérarium il y a quatre ans... il y a quatre ans pile aujourd'hui que lui-même a été réduit en cendres) durant lesquelles elle m'a décrit leur dernière journée, elle m'a expliqué la chute (le cervelet déclenchant le court-circuit, la moelle épinière dégradée) et le dernier spasme dans ses bras, la tentative de réanimation... Durant lesquelles elle m'a expliqué sa maladie et leurs projets. Durant lesquelles nous avons rattrapé trois ans, ou quatre même, uniquement meublés de méls et de conversations téléphoniques... et ma promesse sans cesse repoussée de week-end. "Tu te souviens que tu as ta chambre qui t'attend"...

Hélas, mon épouse (par qui je les ai connus) et eux se sont éloignés, eux ont encaissé quelque déception (je sais, je sais exactement... et chez moi je me tais, situation très difficile à vivre). A ménager la chèvre et le chou, voici où j'en suis arrivé...

Voilà. Il est près de minuit, je vais ajouter quelques images du jour, donner une information et recycler cette note.

Merci Pivoine ; merci Hubert41
Écrit par : levenere | 28.09.2011

Écrit par :  levenere | 28.09.2011
 
Mes "habitués" s'attendent probablement de ma part à un commentaire, à des commentaires, sur LE débat, le deuxième. J'en ai entendu la première heure en voiture, puis les conclusions plus tard en garant icelle.

Plus tard ! Plus tard...
Écrit par : levenere | 29.09.2011
Apprentie gabière moi aussi à bord du Belem depuis quelques années, je viens d'apprendre par un ami stagiaire la triste nouvelle...
J'avoue que c'est pour moi un choc d'autant que j'étais à bord, en route pour la Corse, avec lui il y a encore quelques semaines... Loin de penser qu'il était gravement malade, je n'aurais jamais imaginé, en lui disant aurevoir avant de débarquer à Ajaccio, ne jamais le revoir à bord...
Depuis 2001, nous nous étions souvent croisés à bord du trois-mâts et ses retrouvailles "non-programmées" étaient toujours une très bonne surprise...
Une chose est sure : son humour, sa bonne humeur omniprésente et son extême gentillesse va nous manquer affreusement ...
Courage à sa famille et ses amis... Et bon vent à lui...
Cathy, alias Mori7 sur le Belem

Écrit par : Cathy | 29.09.2011
Bonjour Cathy alias Mori7 (mori7 avec l'accent de là-bas ?),
Je vais transmettre à Brigitte, bien sûr. Je suis à la fois touché et... étonné. D'abord que ce blog vous ait alertée, un blog dont la fréquentation est pas mal "politicarde"... Ensuite parce que vous avez reconnu mon ami... que j'ai essayé de "protéger" au maximum en ne donnant pas de noms (à part une fois son prénom) ni de lieux précis.

Si vous étiez à Concarneau, à l'embarquement de 2001, alors peut-être nous sommes-nous croisés...

En tout cas, touché. Merci.
Écrit par : levenere | 29.09.2011
Bruno,

Très touchée par ta note où tu sertis la splendide mémoire d'un ami d'exception.

Merci d'oser partager.
Écrit par : plumeplume | 29.09.2011
Chère Plume d'un pays sans gouvernement mais d'une Nation dont, encore cet après-midi, une émission de France-Inter rappelait le solide attachement patriotique... Mais je m'égare. Chère Plumeplume, s'il t'en souvient, ce blog a commencé à évoluer et devenir un peu plus "personnel" (espace privatif d'abord entr'ouvert dirons-nous... puis ouvert il y a quatre ans, justement avec le départ de mon père) à partir du moment où j'ai eu besoin de dire, d'exprimer (voire... en pleurant), alors que la non-communication dans ma vie de couple faisait que Nonobs, "ma table de bistrot" était aussi le lieu où, de temps à autre, des choses plus personnelles s'échangeaient.

Je nourris un sentiment de culpabilité vis-à-vis de mon "gabier" et de son épouse, amis que j'ai connus... il y a vingt-quatre ans par mon épouse dont ils étaient jadis proches, parce que je promettais sans cesse une nouvelle visite, un court séjour... alors même que, devant ici composer avec ma moitié qui ne les fréquentait plus... j'ai probablement montré quelque faiblesse. Nous avons un couple d'amis, amis de mon épouse d'abord, maintenant partis en Pays Basque, avec qui le scénario a été sinon le même (non, car là, les deux dames se sont séparées presque violemment) du moins a eu un peu les mêmes conséquences : je suis allé les voir une fois, alors qu'ils étaient encore bordelais... mais ici le malaise a été tel que je n'ai pas recommencé.

Alors, bien sûr, nos "amitiés" ne sont ici que virtuelles, et nos "bisous" ne sont que numériques, mais au moins ai-je l'occasion d'être de temps à autre moi-même...
Écrit par : levenere | 29.09.2011
La mort n'est rien,
je suis seulement passé, dans la pièce à côté.

Je suis moi. Vous êtes vous.
Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours.

Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné,
parlez-moi comme vous l'avez toujours fait.
N'employez pas un ton différent,
ne prenez pas un air solennel ou triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.

Priez, souriez,
pensez à moi,
priez pour moi.

Que mon nom soit prononcé à la maison
comme il l'a toujours été,
sans emphase d'aucune sorte,
sans une trace d'ombre.

La vie signifie tout ce qu'elle a toujours été.
Le fil n'est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de vos pensées,
simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.

Canon Henry Scott-Holland (1847-1918), traduction d'un extrait de "The King of Terrors", sermon sur la mort 1910
Quelquefois attribué à Charles Péguy, d'après un texte de Saint Augustin.
Écrit par : pivoine | 29.09.2011
C'est, chère pivoine, le texte que nous avions retenu mon père et moi en octobre 1994 (bientôt dix-sept ans) pour le décès de ma mère.

Merci.
Écrit par : levenere | 29.09.2011





un pote,la mort,le chagrin

samedi 17 septembre 2011

Évocation, "Ballade" photographique au cours d'une "balade" nostalgique à Montmartre.

17.09.2011

Cora Vaucaire

J'ai habité Montmartre de 1945 à 1955 avant de devenir "provincial", et même -par choix personnel- plutôt rural.

Mais j'ai souvent ressenti des petits pincements de nostalgie lorsque les mots "butte" [*], "Montmartre", "Lepic", "Place du tertre", "moulin de la Galette" (sous lequel, rue Tholozé, ma mère avait son magasin).

Cora Vaucaire a été l'une des porteuses de mes nostalgies, l'une des voix dont j'ai aimé, de temps à autre, entendre l'évocation des... escaliers de la Butte.

Elle repose en paix... Cora.


[*] J'ai eu le plaisir, c'est un hasard, d'avoir, vers la fin des années 90, à rectifier le calendrier, le programme, de protection phytosanitaire, du vignoble de la commune libre de Montmartre, dans le sens tout à la fois d'une plus grande efficacité et de la diminution de la quantité de produits (les pesticides !...) utilisés.

 

 

08.06.2009

Montmartre d’il y a soixante ans, Montmartre d’aujourdhui…

Je suis partagé entre deux envies pour démarrer ce lundi sur mon blog.

Eh oui ! L’alternative se pose ainsi : soit je reviens sur le débarquement allié du 6 juin 44 en Normandie, à la faveur d’un article du JDD sur les fusiliers-marins et le commandoo Kieffer débarqué à Ouistreham (Sword Beach) dès le matin, bourgade de pêcheurs et d’agriculteurs,et zone balnéaire de Riva-Bella, libérées rapidement mais au prix fort du sang (revoir mon blog il y a un mois ou cinq semaines) ; soit je relate mon « pèlerinage » montmartrois de mardi dernier.

Pourquoi un pèlerinage ? Parce que… l’enfant que j’ai été entre 5 et 15 ans a vécu à Montmartre (sauf 1949-50 en Allemagne occupée, voir mon post d’hier « Senteurs d’un jardin secret »). Ma mère a su, après s’être lourdement endettée, faire bouillir la marmite en se tuant au travail… jusqu’à ce que mon père ait enfin un emploi stable et correctement rémunéré en… 1951 ! Elle l’a fait en tenant un magasin de lingerie féminine (et frivolités), Sélection, au 11 de la rue Tholozé, sous le Moulin de la Galette. Elle tricotait en outre des liseuses, remaillait les bas, ouvrait le dimanche matin. Nous habitions au 20 de la rue de Clignancourt, non loin de Rochechouart, du Sacré-Cœur et du Boulevard Barbès.

Le séminaire auquel j’ai participé il y a une semaine commençait mardi en fin d’après-midi. Ma belle-fille (Sénégalaise), le fils de mon épouse et nos deux petites filles parisiennes « café au lait » (il y en a quatre autres près de Toulouse) habitent… Montmartre, versant nord-ouest. Je suis « monté » à Paris dès lundi pour passer la soirée avec elles et lui (voir mon récent post de remerciements à une contrôleuse SNCF) ; mardi matin j’avais le temps de flâner, de revoir mon ancien quartier, ce presque village, de parcourir les trajets que ma mère fit des milliers de fois et que je fis souvent avec elle. Bref, cela a vite pris la tournure d’une sorte de pèlerinage, en effet.

Je n’avais pas mon appareil photo ; j’ai donc mobilisé mon téléphone cellulaire pour rapporter quelques photos de qualité moyenne.
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Montant de la Place Blanche, aux frontières du IXème et du XVIIIème, la rue Lepic coupe la rue des Abbesses et entame ici son périple courbe vers le haut de la colline, le Moulin de la Galette et la Place du Tertre. Il y a soixante ans, j’admirais les rideaux de Vichy rouge de ce restaurant… qui représentait pour moi la liberté, les gens qui ont le temps et le fric pour aller au restaurant, mais aussi le confort et la chaleur d’un cadre plutôt rural.
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En haut, au-dessus des escaliers qui ferment la rue Tholozé, dans les arbres : le Moulin de la Galette.

Rue Tholozé qui, tout près, coupe la rue Lepic et la rue des Abbesses et monte droit sur le Moulin de la Galette n’a guère changé. Le mythique Studio 28 d’abord, connu des cinéphiles parisiens :
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Ici, il y avait le cordonnier Descamps, parti en retraite en 1952 ou 1953.
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En face, le magasin était de couleur crème, c’était Sélection, au 11 de la rue. WC (à la turque) à l’entresol de l’immeuble. Pente assez forte : lorsque le livreur de glace posait ses pains sur le trottoir, sur des sacs de jute anti-dérapants… euh… parfois la glace dévalait la rue ! (je le jure, croix de bois, croix de fer, si je mens... on n'y était pour rien !!!...)
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J’allais régulièrement juste au-dessus, rue Durantin, admirer cet hôtel particulier, aujourd’hui résidence en co-propriété et dont le porche est barré par une grille dont l’ouverture est commandée par un digicode :
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La rue, vue des escaliers qui la terminent (tout en bas, on enchaîne sur le bas de la rue Lepic, vers Blanche), qu’adoraient passer en jeep les GIs (l’occupation américaine pour beaucoup… « US go home ! »), juste à côté du Cabaret de Madame Pomme, l'anti-chambre de Patachou pour bien des artistes débutants (aujourd’hui Bar à vin du Moulin).
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La pente, et le fait que la rue se termine par ces escaliers, vous laisse deviner les efforts que faisaient avec leurs carrioles le vitrier (vi-tri-ééé !), le rémouleur (j’aiguise les couteaux-eaux, les ciseaux-eaux) et le marchand de peaux de lapin (peaux d’lapin – peaux !) dont les seules échappatoires étaient la rue Durantin et la rue des Abbesses…
Enfin, un peu plus haut, rue Lepic, le second moulin, en fait la reproduction du Moulin de la Galette, un peu plus visible des passants.

09.06.2009

Montmartre (suite 1 de ma divagation)

Dès que l’on s’éloigne de quelques mètres des parcours à touristes, par exemple ici en passant par l’Avenue Junot* et la rue Norvins pour revenir sur Le Tertre, on retrouve non seulement le village, mais la commune des artistes et de la bohème, des jardins, des ateliers, des petits hôtels particuliers.
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Je monte vers la Place du Tertre avec en tête tout à la fois mes souvenirs de l’époque (rappel : 1945 – 1955) et une photo de Doisneau.
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Hélas, je vais vite déchanter… Vous aurez plus loin une ou deux images de la place, prises presque à contre cœur. D’abord, prévisible me direz-vous, la foule des touristes. Mais, surtout, chose inconnue pour l’ancien Montmartrois que j’ai été (eh ! 10 ans sur près de 70 ça fait du 14 % tout de même…), la place est devenue un immense restaurant , un velum à dominante rouge, les terrasses étant couvertes. Et, autour, des « peintres » : portraitistes, vendeurs de croûtes diverses et de reproductions répétitives, y compris d’ailleurs que de la Place Saint-Pierre voisine, de celle du Tertre ou de celle du Calvaire… dont beaucoup ont des accents à couper non à l’Opinel® ou au Laguiole® pais à l’acier d’Essen ou de Wüpperthal, de plus à l’est, de plus au nord…
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Bref, nous voici en haut de la rue Lepic. Déjà se profile l’antre à touristes. La rue Poulbot ? parce que, étant gosse, il m’est arrivé d’échapper, entraîné par le fils du cordonnier Descamps (les pains de glace dévalant la rue Tholozé, le chariot en bois à roues patin à roulettes, en fait l’ancêtre du skate-board « assis » et à direction assistée !!!), à la vigilance de ma mère et de cavaler avec les titis du coin, les poulbots.
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Nous sommes maintenant à côté de la Place Saint-Pierre et de la Place du Tertre. Vue sur Paris, et… le village, oui : la paix. Place du Calvaire et dans les rues qui redescendent : personne. A dix mètres c’est la bousculade, et là… ouf ! les lieux que j’avais en mémoire. C’est plus propre qu’à l’époque. Mais le cachet a été conservé. Commune libre de Montmartre !
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A dix mètres ? Eh bien, constatez par vous-même.


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Saint Pierre, mon ancienne paroisse, vieille église romane, teintée de gothique naissant (ogives de voutes), est hélas écrasée par les coupoles byzantines (du XIXème siècle) de la basilique du Sacré-Cœur.

Nous allons nous en approcher mais, je n’aurai pas la chance de la revoir comme jadis en en faisant le tour. Mon téléphone étant sans flash, les images de l’intérieur restent bien sombres, vous m’en voyez fort marri (euh… pas tant que ça).
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Encore vue sur Paris, je vais prendre le funiculaire, pour moi tout moderne (jadis, le jeu consistait à monter et à descendre les escaliers à toute vitesse et retrouver à une des deux stations les passagers entraperçus à l’autre… prenant le « vieux » funiculaire) Je vais descendre vers la rue de Clignancourt, avant de revenir sous la butte vers la Place des Abbesses et la rue Joseph de Maistre (quittée avec la première photo hier, celle du restaurant au coin de cette rue et de la rue Lepic).
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* Souvenirs du Square Junot... Le pensionnaire que j'ai été pendant tant d'années avait évidemment des vacances. Les petites vacances se passaient pour moi au magasin, à Sélection. Ma  mère, s'il faisait beau, m'emmenait "pique-niquer" au square. Parfois en passant par le chemin des écoliers, en haut de cette colline de Montmartre, il y a un labyrinthe de petites rues et chemins propices à de la marche "rurale"...
Pain et jambon généralement, radis au sel, et... mon grand plaisir : gober un oeuf (pour mamère : oeuf dur). Les oeufs venaient de la crèmerie Tochet (de mémoire, hein ?), le "b.o.f." de la Rue des Abbesses (aujourd'hui "Fromages Marie" si j'ai bien reconnu l'emplacement).
Au tout début de notre arrivée à Montmartre, je me souviens de la queue que ma mère devait faire à certains magasins, pliant, laine et aiguilles à tricoter, et des cartes d'alimentation ou de rationnement (là : je manque de précision... mais j'avais cinq ans).

Petite note pour Morgane.
Ma mère, qui se tuait à la tâche, en plus des liseuses qu'elle tricotait et vendait, remaillait les bas. Elle avait le panonceau "Vitos". Le trop plein de bas à remailler était confié à... Vitos, bien sûr. Lorsque j'étais en vacances, j'étais le coursier. Je descendais donc dans le IXème, chère Morgane. Si ma mémoire ne déconne pas trop, j'allais Rue de Maubeuge (ou peut-être rue de Chateaudun), près de N-D. de Lorette. J'y "descendais" en courant (tout en fouillant dans le sac afin d'éprouver le soyeux de ces bas "nylon" et d'essayer d'imaginer ces bas sur des jambes et des cuisses  interdites), déposais les bas chez Vitos, remontait vite Place Blanche, et... là, là ? là je prenais le temps de regarder, sur la pointe des pieds, toutes ces photos de danseuses, strip-teaseuses, d'artistes en partie dénudées se produisant dans les cabarets aux coins du Boulevard de Clichy et de la rue Lepic et de la rue Blanche. Qu'est-ce que ça m'intiguait, qu'est-ce ça parvenait à... m'eciter, toutes ces formes, cette peau, ces attitudes... Formes que je retrouvais sur les porte-publicité au magasin de ma mère : les soutiens-gorges, gaines, culottes, combinaisons Jesos, Jetien, Lou, Valisère et autres... (je les lorgnais en douce, craignant d'être surpris par le regard de ma mère). Il m'est arrivé d'en faucher, discrètement, dans les tas périmés de l'arrière-boutique, pour... les monnayer au collège religieux où j'ai effectué mes 6ème (redoublée), 5ème, 4 ème et certif, enfin 3ème.
Morgane, j'allais aussi à pieds à la gare St Lazare quand je partais passer deux ou trois jours chez un grand oncle au Vésinet. J'adorais, avec l'autorisation de ma mère (of course !) descendre jusqu'à l'Opéra. Là je faisais les agences des compagnies aériennes. A cette époque on te donnait plein de choses promotionnelles : insignes des compagnies, maquettes d'avions, petits drapeaux... Et je rêvais devant les brochures et affiches montrant le monde entier. Le IXème était ma voie de passage obligatoire...

17.06.2009

Montmartre (suite 2, et fin, de ma pérégrination – pèlerinage)


Nous en étions restés au funiculaire de Montmartre, s’il vous en souvient… De là, je vais aller vers la rue de Clignancourt en passant par le Marché St Pierre. Qui existe toujours mais pour des expositions. Question : à l’époque (1945 – 1955) il y avait un immeuble (immense dans ma mémoire) des tissus Dreyfus ? Qu’y aura-t-il aujourd’hui à la place ? Eh bien… Dreyfus est toujours là. Mais cela me semble aujourd’hui moins imposant. Il y avait un immeuble couvert d'un grand panneau Saint Frères (bâches)...

Nous sommes enfin rue de Clignancourt. Les Américains occupaient les Grands magasins Dufayel. Cela ne vous dit pas grand-chose… ce qui n’est pas surprenant. Dufayel, c’était l’architecture métallique du XIXème siècle, le premier des « Grands magasins » (souvenez-vous de Au Bonheur des Dames). Le modèle. Occupant de la rue de Clignancourt au Boulevard Barbès. De la fenêtre de notre minuscule cuisine – salle d’eau (plus exactement pierre à évier utilisée pour la toilette) comme de celle de la chambre de mes parents, nous donnions sur Dufayel… et les Gis.

Puis, ce furent des mois et des mois de chalumeau et chantiers de démolition de ces magnifiques voûtes et structures (style Petit et Grand Palais).

Ici, rue de Sofia, entre la rue de Clignancourt et le Boulevard Barbès, voici ce qui reste de Dufayel, restauré ou reconstruit (c’était, en 1955, la BNCI qui était le principal occupant)
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Au 20 de la rue de Clignancourt, il y avait un grand porche, monumental, donnant sur une cour fleurie (de fuschias surtout), entretenue par Mme et M Tognetaz, le couple concierge et gardien, des Italiens du Val d’Aoste, plus savoyards qu’Italiens, adorables et serviables tous deux. On enchaînait en fait deux cours car la propriété comportait trois immeubles. Impossible d'entrer aujourd'hui : digicode ! Vers 1954, le porche fut coupé en long pour installer un commerce de pas de porte. Cela n’a pas changé comme la photo le montre.
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En face, il y avait plusieurs boutiques dont la crèmerie Combe (beurre-œufs-fromages) et une boulangerie. Voici ce qu’il y a à a place :
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Au 24 ou au 26, on retrouve l'ancienne entrée monumentale, évidemment remaniée entre 1945 et 1950, des grands magasins Dufayel :
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Retour vers le Marché St pierre et le bas du Sacré-Cœur par la rue André-Del-Sarte…
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… et la rue Charles Nodier, au pied des escaliers (les escaliers de la butte sont durs aux miséreux, les ailes des moulins…).
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Je vais vers la Place des Abbesses par la rue Yvonne Le tac. Au passage, je vérifie l’existence d’un sanctuaire dédié au martyre de Saint Denis (une petite porte, une plaque pour une crypte, alors que dans ma mémoire j’y voyais l’entrée d’une chapelle ou d’une petite église…). Place des Abbesses, et l’église Saint Jean (St Jean des Abbesses ou St Jean de Montmartre).
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Ma mère ouvrant sa boutique le dimanche matin, bien souvent nous sommes allés assister à la messe du dimanche non dans notre église paroissiale Saint Pierre de Montmartre (voir posts antérieurs), mais ici, à St Jean.
P02-06-09_12.00.jpgJe vais reprendre la rue des Abbesse ; suivez les gambettes…
… puis la rue Joseph de Maistre.


J’aurai fait le tour de ce qui fut mon quartier durant dix années d’après guerre, la face sud-ouest de la colline de Montmartre. Montmartre, un village jouxtant Paris par les boulevards, un village pittoresque dont il reste visiblement des endroits préservés de la grande foule et de la surchauffe immobilière. C'était mardi 2 juin, par une belle matinée ensoleillée.
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Petit rappel : photos prises avec un téléphone cellulaire d’où une qualité… moyenne.


10.11.2010

En beurrant une tartine, petite méditation matutinale.

Ce matin, alors que je beurrais, avec parcimonie, ma tartine de pain préalablement passée au grille-pain, je réalisais à quel point de vieilles, très vieilles habitudes persistaient. Cela malgré dix années de pensions et colonies de vacances, le service militaire et quelques séjours ou stages de formation avec restauration collective de ma jeunesse et de ma vie active…

Lorsque mes parents se sont installés à Montmartre, en 1945, nous avions encore des tickets de rationnement et j’ai le souvenir de ma mère tricotant, avec son pliant, dans d’interminables attentes en files devant certains magasins…

Nous habitions rue de Clignancourt. En face du porche (aujourd’hui avec un commerce en pas de porte, pas de porte qui existait déjà lorsque nous avons quitté Paris en 1955) se trouvait la crémerie Combe (ou Combes). A ne pas confondre avec Tochet (autre « beurre-œufs-fromages), celle située rue des Abbesses, à deux minutes du magasin de ma mère rue Tholozé, où je passais régulièrement picorer du rapé (du grouyère comme je disais) jusqu’au jour où Madame Tochet prévint ma mère…

Pourquoi vous avoir parlé de restrictions et de la crémerie en face de chez nous ? Pour vous expliquer pourquoi je suis au beurre salé le matin, et pourquoi je beurre toujours à l’économie.

En effet, dans l’immédiat après-guerre, le beurre était pour nous un luxe. Il se vendait découpé à la motte. Ma mère n’en achetait que pour la pâtisserie, rarement pour la cuisine, pour laquelle elle utilisait la margarine. Laquelle margarine servait à « beurrer » le pain du petit déjeuner ou de mon goûter lorsque j’étais « à la maison ». Matière grasse végétale certes, mais… probablement riche en acides gras saturés, palmitates entre autres ; choses dont à l’époque nous ne nous préoccupions pas.

En 1950, je me souviens avoir pris l’habitude, chez mes oncle et tante du Cantal, de manger d’énormes tartines de pain de campagne sur lesquelles ma tante ou Caroline (surnom), l’aînée de mes cousins-cousines présents (il y avait deux garçons au-dessus, élèves l’un de Saint-Cyr, l’autre du Prytanée militaire) avait étalé du saindoux relevé avec un peu de sel, au retour de conduire les bœufs pour un débardage de bois, ou de travaux au potager, ou lorsque je remontais du village, dominant la Cère et le regard vers « le midi » qui commençait au-delà. Du saindoux, oui ; et j’aimais ça !...

Lorsque nous avons commencé à avoir plus régulièrement du beurre à la maison grâce au travail acharné de ma mère (qui ouvrait encore son magasin le dimanche matin dès après la messe à Saint-Pierre de Montmartre -notre paroisse- ou à Saint-Jean des Abbesses), ma mère achetait du beurre salé. Elle le plaquait bien au fond d’une jatte et elle le recouvrait d’eau, avant de déposer la jatte dans le garde-manger grillagé qui pendait sur le côté de la fenêtre de la chambre de mes parents (je couchais dans la salle à manger), exposé au nord. Je revois cette fenêtre et les GIs, les soldats américains, qui occupaient les bâtiments Dufayel, magnifiques structures métalliques et de verre des ex Grands magasins Dufayel, et qui sifflaient ma mère et se distrayaient en guettant toutes les fenêtres est de notre petit immeuble. J’ai ensuite, de cette fenêtre, assisté à la démolition de ces bâtiments (je crois qu’il en reste un morceau, classé, conservé un peu plus loin derrière une façade moderne.

Et la poussière, la crasse de l’air parisien ambiant ? Oui : il suffisait de changer l’eau… Salé, sous l’eau, ce beurre se conservait bien. Et j’ai d’abord aimé le beurre de mes tartines : le beurre salé, aujourd’hui beurre demi-sel, du bio au sel marin (Guérande ou autre marais salant réputé).

Ayant pris l’habitude d’y aller à l’économie, je l’ai conservée. C’est pourquoi je beurre « avec parcimonie ».
Pour la petite histoire, nous avons eu notre premier réfrigérateur, non pas un Frigidaire® mais un Kelvinator®, en partie chromé, acheté à tempérament vers 1953 ou 54…


Histoires de vieux, peut-être. Il est vrai que j’ai ma carte senior depuis onze ans (à deux mois près) et suis retraité depuis bientôt dix ans !...





Je suis incapable de me souvenir de quoi je déjeunais en Algérie et au Sahara, pour accompagner le quart de café… Sauf durant le mois durant lequel j’ai pu prendre pension au mess des sous-officiers en tant que caporal-chef ADL(**) ou super-ADL(**), avant de me faire rétrograder caporal à titre disciplinaire (j’ai eu besoin récemment d’un Etat signalétique et des services en vue d’un ruban, et j’ai lu cette fois-ci non plus « rétrogradé » mais « cassé » en application du règlement de discipline aux armées… rassurez-vous : avec certificat de bonne conduite accordé). A ce mess… il y avait du beurre.