vendredi 16 septembre 2011

la vie, la vie vraiment (I)

17.12.2010

D'un seul coup je venais de comprendre que le sacrifice de mon père... Hitler et les nazis !

Voici le préambule d'un livre jamais publié, en fait d'un manuscrit dont la fin est perdue dans quelque cahier oublié. Ni même jamais tapé à la machine. Ce qui veut dire que les pages en arriveront au gré des heures disponibles pour une frappe et une mise en forme...


Nous l'appellerons pour le moment le Journal retrouvé d'un démobilisé de 1940.

L'auteur, après avoir été élève d'hypokhagne s'était engagé trois ans dans les chasseurs alpins (terminant sous-lieutenant de chasseurs à pieds après formation à Saint-Maixant) pour échapper à un conseil de famille contrariant ses ambitions. Puis Philippe Orcerolles a été journaliste (carte de presse anodisée retirée par les autorités d'occupation) de 1932 jusqu'à sa mobilisation en 1939. Journaliste de droite, et même monarchiste...



Ce que l'on remarque d'emblée, c'est que dans le contexte des années 30 et de la défaite de 1940, l'auteur, qui est patriote et qui est désespéré en entendant le vieux maréchal, ne se révolte pas contre le contenu en soi de ce discours dont il juge alors qu'il illustre probablement la seule possibilité qu'a le nouveau chef du gouvernement d'éviter plus ample catastrophe. D'autres maurrassiens, à l'instar par exemple d'un Daniel Cordier, réagiront immédiatement en crachant "LE TRAÎTRE !" en direction de Pétain et en s'embarquant immédiatement pour poursuivre la lutte aux côtés des Britanniques, en fait dans les toutes fraîches Forces Françaises Libres du général de Gaulle...



PRÉAMBULE

Dix-sept juin 1940


Je la revois encore cette gare !

Une gare de triage dont toutes les voies étaient encombrées de convois militaires parmi lesquels trois seulement, ceux qui emportaient notre formation de recrues à l’instruction vers une destination encore inconnue, semblaient en bon ordre.

Soudain, des haut-parleurs disposés in peu partout entre les voies, s’éleva une voix chevrotante de vieillard, comme chargée du poids insupportable de la nouvelle qu’elle apportait :

« Moi, Maréchal de France, en ma qualité de chef du gouvernement, j’ai demandé à l’ennemi ses conditions pour que soit signé entre nos deux pays un armistice, dans le respect mutuel et dans l’honneur… » (1)

Mon capitaine et moi nous regardâmes.

Au bout d’une longue minute, je vis une larme qui perlait entre ses cils. Mes yeux aussi s’embuèrent.
Sans un mot nous nous enlaçâmes.


D’un seul coup je venais de comprendre que le sacrifice de mon père, vingt-cinq ans plus tôt, avait été inutile, que tout était à refaire, et que cette voix chevrotante qui en faisait le constat semblait venir de trop d’années et de trop loin pour pouvoir supporter jusqu’à un terme acceptable les exigences de celui de qui il venait de solliciter l’aman.


Hitler, et les nazis !


Depuis huit ans déjà je n’avais cessé de dénoncer(2) le danger de leur insurmontable ascension !

La première fois, c’était lors des élections législatives de 1932.



(1) Ce ne sont sans doute pas là les mots exacts que prononça, ce 17 juin 1940, le Maréchal Pétain. C’est en tout cas ce que j’en ai retenu. Et qui, depuis, hante ma mémoire et crucifie mon amour naïf et viscéral de ma Patrie.

Extraits du discours : "A l’appel de Monsieur le président de la République, j’assume à partir d’aujourd’hui la direction du gouvernement de la France…
En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude…
… sûr de l’appui des anciens combattants que j’ai eu la fierté de commander, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur…
…C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. Je me suis adressé cette nuit à l’adversaire pour lui demander s’il est prêt à rechercher avec moi,, entre soldats, après la lutte et dans l’honneur les moyens de mettre un terme aux hostilités
…"


(2) L’auteur était journaliste (note du mémorialiste)