mardi 31 janvier 2012

La terre a tremblé à l’est d’Alger et ici, dans la "Lande girondine", un petit geste de solidarité…

La terre a tremblé à l’est d’Alger et ici, dans la "Lande girondine", un petit geste de solidarité…

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Ce matin, ciel dégagé, soleil éclatant, température plutôt douce pour la saison, il va être plus agréable que ces deux derniers jours de travailler sur "mon chantier", derrière les terrassements effectués par l'entreprise qui sous-traite pour ERDF, notamment replanter un lilas, un tulipier, un cognassier du Japon, et démantibuler et évacuer les quatre lauriers-cerises (héritage du premier propriétaire de cette maison) qu'il a fallu arracher. Un lecteur bienveillant en déduira que je poursuis dans la vaquattitude. Sic transit...
Je mets en ligne ce mercredi la note que j'avais programmée hier matin et qui a été rapidement enlevée et mise en attente par le site.
Nuit de lundi à mardi :
En fait, ce n’est pas la note que j’envisageais de rédiger et mettre en ligne… Mais le hasard a fait que (est-ce d’ailleurs un hasard ?), ce soir, je devais envoyer à une étudiante en communication et évènementiel une série de documents et photos concernant nos carnavals locaux depuis 2006 dans le cadre de sa participation à l’organisation de notre « Carnavélo » 2012.
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04Me1806.JPGDans l’organisation de mon disque dur, il y a, au répertoire de l’association que je préside depuis 2003, les téléthons (le dernier pour nous : 2006, faute d’implication suffisante de la mairie, nous avons abandonné), les carnavals, et… dans mon sous-répertoire images… les scans (de mauvaise qualité) d’une opération menée en 2003, assez particulière et qui a surpris nos concitoyens : une opération " Solidarité Algérie".05Me1806.JPG
Souvenez-vous ! le 21 mai 2003, la terre a tremblé à l’est d’Alger, secteurs de Thénia, Rouiba et Boumerdès. Le séisme a été violent, enregistré à 6,7 sur l’échelle de Richter. Il n’était pas loin de 20 heures ; on a dénombré dès les premières heures qui ont suivi plusieurs centaines de morts et environ 5 000 blessés. Le bilan s'est ensuite alourdi.
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14Sa2106.JPGDans l’association, l’ancien président est, comme dirait Marius, "PN", venu du Maroc, l’ancienne trésorière l’est aussi. L’un d’entre nous a passé son enfance à Reghaïa, petite ville située dans la zone sinistrée, car son père était sous-officier à la base aérienne… devenue la base hélico des commandos de l’air et d’un secteur de défense aérienne où j’ai passé sept mois en 1960 avant de descendre au Sahara. Autant de personnes se sentant, d’une certaine façon, sinon concernées du moins "solidaires" des populations traumatisées et en situation très précaire.18Lu2306.JPG
En ce début d’été 2003, qui sera caniculaire, nous savons que, si de nombreux douars ont à peu près résisté, il n’en est pas de même en ville : des milliers de familles vivent sous la tente ou dans des locaux permettant de regrouper des sinistrés. Les besoins sont énormes, en matière d’hygiène, de vêtements, de chaussures, de couchage, et en pensant au grand nombre d’enfants.
19Lu2306.JPGNous avons décidé et monté cette opération rapidement. La moyenne surface locale a accepté que nous collections devant ses entrées. La mairie a mis un local à notre disposition pour le tri et l’empaquetage. La commune voisine a mis à notre disposition le camion que vous voyez en photo et son CCAS s’est impliqué dans l’opération. En fait, j’avais dans l’affaire la double casquette de la responsabilité de l’association qui a lancé l’opération, et du bénévolat à l’antenne de Handicap International, associée à l’opération ainsi que le CCAS de la commune voisine.22Lu2306.JPG
23Ve1107.JPGLe plus fatiguant a bien sur été ce tri, ces longues séances de mise en forme de vêtements, voire de couture, d’appariement des chaussures, d’emballage des objets de toilette et d’hygiène.
Mais, le plus… difficile a été le problème de l’acheminement.27Ve1107.JPG
Toutes les pistes explorées se sont révélées soit inopérantes ou… trop onéreuses pour nous (transport aérien), ou administrativement trop lourdes (consulat à Bordeaux).
De guerre lasse, un soir je me suis adressé à une amie, l’épouse d’un ancien collègue et copain, Myriam, une Ouargli avec qui j’avais eu quelques fois le plaisir de parler du Grand Erg Oriental, des Oasis, de Ouargla bien sûr, de la pentapole Ghardaïa, de Touggourt, des cuvettes d’El Oued. Myriam, qui vit à Amiens, est parvenue en moins de quarante-huit heures à me mettre en contact avec un médecin algérien, volontaire pour exercer à Boumerdès durant trois mois. Ce médecin m’a mis en relation avec une cellule du Consulat d’Algérie à Marseille, opérant sur le port, dans les locaux d’anciens abattoirs.
30Ve1107.JPGEt là, au téléphone, à raison de deux vacations par jour pour être certains de bien s’entendre, et d’arriver à un moment où le déchargement serait aisé (car, figurez-vous, que le mouvement de solidarité entre les Algériens, les Maghrébins plus généralement, immigrés ou naturalisés français, et l’Algérie dans le besoin, a été immense et que cette cellule a, par moments, été débordée) nous avons organisé notre débarquement à Marseille.
Le prêt du camion pour un week-end par la commune voisine nous a été d’un grand secours et nous a évité une dépense limite pour notre petite trésorerie. Nous avons pu charger le vendredi après-midi… neuf (9) mètres-cubes, denses, serrés, de biens de secours. F O R M I D A B L E !
31Sa1207.JPGNous sommes partis à deux, l’ancien président de l’asso et moi-même, le samedi matin à quatre heures. A midi nous étions au déchargement à Marseille avec une équipe algérienne accueillante, souriante, qui n’a pas voulu que nous nous fatiguions.32Sa1207.JPG
algérie,séisme,boumerdès,solidarité,accueilEt quand le camion a été vide, que nous avons voulu prendre congé… « où allez-vous ? » « qu’est-ce que c’est, vous n’avez pas mangé ! » « allez, vous restez avec nous, il y a du riz, du ragout de mouton, du yaourt, des fruits, vous restez ! »
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L’hospitalité, la gentillesse telles que je les avais déjà connues en Algérie à la fin des années cinquante (avant de m’y retrouver en uniforme), telles que je les ai retrouvées en été 1971 lors d’un voyage (un stage en fait) d’études effectué avec deux jeunes agros. Et mon collègue d’asso, André (dit Dédé), pied-noir, heureux d’être là.
Nous avons même eu droit à du vin (et avons échappé au Coca-Cola et au Fanta de règle sur la table).
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Le soir, nous avons fait chambre commune dans un hôtel économique non loin de là où régnait la famille Mégret. Le lendemain à midi, nous étions de retour, nous passions chez l’ami Dédé (décédé il y a deux ans) prendre sa voiture pour assurer mon retour chez moi, et je reconduisais le camion à sa base, à 12 km de là.
J’ai fait livrer, dans la semaine qui a suivi, un énorme bouquet de fleurs à Myriam à Amiens, Myriam sans qui nous n’aurions pas eu ces contacts, le médecin à Boumerdès, qui m’avait proposé d’ailleurs de le rejoindre, l’antenne de Marseille du Consulat, ni cet accueil chaleureux et ce repas partagé… Sans qui nous aurions dû nous replier sur la solution "administrative" (formulaires, listes préétablies de biens et matériels à collecter, etc) que nous proposait le consulat bordelais sans même nous garantir des dates d’enlèvement ici…
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