jeudi 1 septembre 2011

Caen, ville martyre, et ville libérée

Cette note est un copié-collé en provenance d'un autre blog que je tiens :


13.05.2009

Caen, ville martyre

Voilà, j'ai retrouvé le premier des deux posts que j'avais commis sur la ville de Caen, citée à l'ordre de la Nation, ville en grande partie détruite à la suite de la Bataille de Normandie, et d'abord par les bombardements effectués par l'artillerie embarquée sur la flotte, l'armada, alliée de débarquement.
Olivier et Morgane m'ont avant hier posé la question, suite à mon post sur les vieilles pierres de Caen.
P1080211.JPGEnsuite, je ferai revenir les photos prises il y a quelques jours (église St Jean) :

22.11.2007

Souvenirs ? Souvenir et hommage...

Séquence émotion. Personnelle, mais cela peut aussi se partager.
Dans une semaine, il y aura deux mois qu'il m'a quitté. J'allais écrire "abandonné"…
Ni lui ni ma mère n'étaient Normands. Mais, installés depuis 1955 à Caen, émigrés sur la côte à 15 km de là en de 1975, ils se sont vraiment attachés à cette Basse-Normandie, de Honfleur au Nez de Jobourg, de Caen à Domfront et Alençon… Nous avons ainsi connu Caen en pleine reconstruction, avec déjà des quartiers entièrement redessinés et reconstruits. Mais aussi avec encore bien des ruines et des terrains vagues…

Je sais, aujourd'hui, que moi aussi, n'y ayant pourtant que peu vécu, je suis attaché à cette région. A cause d'eux bien sûr. En raison, encore plus sûrement, de ces multiples allers-retours que j'y ai effectués ces dernières années, avec ces tentatives d'y promener un vieillard de plus en plus contraint par sa faible mobilité, sa fatigabilité, puis sa dépendance, sa surdité et sa hâte d'en finir… Il a tant aimé nos dernières promenades, même courtes. Le Cotentin il y a quatre ans, quand nous pouvions encore envisager une journée de pérégrinations ; la dégustation d'huîtres à Courseulles il y a deux ans, sa dernière ; cette mer qu'il a encore pu contempler une dernière fois deux mois avant sa mort, en s'excusant de m'avoir fait marcher aussi longtemps en poussant son fauteuil roulant, sachant à quel point j'ai les genoux en mauvais état…

Je sais cet attachement et suis conscient de la part de nostalgie qui l'explique. Mais, aujourd'hui, en entrant dans mon foutoir (officiellement chez moi : mon bureau !), j'ai réalisé que je garde depuis des années à ma vue des photos et cartes postales qui ont, consciemment ou non, une signification pour moi. En voici une.
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Caen avait déjà changé lorsque nous nous y installâmes. Mais, le champ de ruines restait prégnant, croyez-moi. Voici notre quartier, mon église paroissiale : Saint-Jean, en 1945. Magnifique édifice à la tour légèrement inclinée (soutenue par des pilotis et vérins enfoncés dans le soubassement marécageux).

La ville de Caen a été citée à l'ordre de la Nation par Décret du 2 juin 1948, signé par le président de la République (Vincent Auriol), avec attribution de la Croix de Guerre avec Palme. Bien qu'ils furent victimes durant deux mois des bombardements alliés, bien des Caennais, résistants, surent aider les troupes alliées dans les semaines et les mois qui suivirent le débarquement du 6 juin 1944 ; beaucoup d'entre eux le payèrent de leur vie.

Une amie de mon père m'écrit : " Bien sûr Henri me fit découvrir toute la Côte, et en particulier les plages du débarquement. Il avait une immense culture et nous aurions pu l'écouter pendant des heures… Ce qui fut souvent le cas…" Dans le même courrier : " Vos parents ont été pour moi (et pour ma Mère) des amis incomparables. Ils m'ont beaucoup donné, beaucoup enrichie. Chaque rencontre était un moment de bonheur. J'avais le sentiment de vivre "sur un plan supérieur"..."

Je vais retomber dans mon quotidien local. Mais cette évocation est tellement plus passionnante que les petites frustrations d'ego, les guéguerres pour savoir si la mairie doit revenir à Pierre, Paul ou Jacques qui l'attendent depuis tant d'années, ou si elle doit revenir aux citoyens sur la base d'un projet très collectif qui serait porté par un (ou une) "étranger(e)" (il ne s'agit pas de parachutage) ; si elle doit revenir aux Socialistes ou à la "Société civile" et "en tout cas pas à un Communiste"… Mon père, ancien journaliste politique (avant guerre, ensuite les autorités de Vichy et la PropagandStaffel lui retirèrent sa carte) s'était éloigné de ces jeux. Et me regardait parfois avec curiosité : "comment peux-tu te mouvoir dans ces marigots ?"




Et voici les tours de cette église St Jean, vers 21 H, vendredi 1er mai 2009 :P1080213.JPG
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